Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw s'entretiendra mercredi à Madrid avec son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos de Gibraltar, territoire stratégique qui a récemment fait l'objet de nouvelles tensions diplomatiques entre Londres et Madrid. Selon une source diplomatique britannique, Gibraltar figure au menu de la rencontre aux côtés d'autres thèmes comme l'Afghanistan, la ratification de la Constitution de l'Union européenne ou l'Irak. Cette réunion marque une volonté de dialogue entre Londres et Madrid qui s'était élevé cet été contre la visite à Gibraltar de la princesse Anne en juin, une escale du sous-marin nucléaire britannique Tireless en juillet, et la visite du ministre britannique de la Défense Geoff Hoon en août, à l'occasion du 300e anniversaire de la conquête du territoire par les Britanniques. Cette dernière visite avait été qualifiée d'“inamicale” et “inopportune” par Madrid qui revendique le minuscule territoire britannique situé à la pointe sud de la péninsule. M. Moratinos avait jugé “très étrange que l'on commémore dans l'Union européenne, en plein XXIe siècle, l'occupation militaire d'une partie d'un Etat membre par un autre”. La question de Gibraltar est “pleinement ouverte”, avait-il ajouté, appelant à trouver “une solution réaliste au dernier vestige colonial d'Europe”. En 2002, Londres et Madrid avaient repris des négociations pour faire évoluer le statut de l'enclave. Mais celles-ci ont été gelées après un referendum non-officiel qui a confirmé l'hostilité de la quasi-totalité des habitants de Gibraltar (près de 30 000) à tout changement de statut. Le gouvernement de Gibraltar veut négocier avec le Royaume-Uni une constitution qui ferait du Rocher un territoire autonome dépendant de la Couronne. Madrid de son côté revendique toujours, à terme, une souveraineté totale sur le territoire de 6 km2 qui permet de contrôler l'entrée du Bassin méditerranéen.