Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, est arrivé hier à Alger pour une visite de travail d'une journée. Prévu depuis mai dernier, le déplacement du diplomate espagnol, le sixième depuis l'arrivée au pouvoir de M. Zapatero, était destiné à « renforcer le dialogue politique et la coopération entre Alger et Madrid ». Outre l'examen annoncé par la partie algérienne des dossiers de l'énergie et des échanges commerciaux, la presse espagnole a fait savoir que cette visite devait permettre aussi à M. Moratinos de traiter avec son homologue algérien de la problématique du Sahara-Occidental. L'évocation par les responsables des deux pays de cette question paraissait presque inévitable après la répression menée par le Maroc dans les territoires sahraouis, ces dernières semaines. La police marocaine a réprimé dans le sang des centaines de manifestants sahraouis réclamant la tenue d'un référendum d'autodétermination. La visite de M. Moratinos intervient aussi à un moment où le chantier de l'Union maghrébine se trouve à l'arrêt en raison de divergences entre ses membres et des « bouderies » répétées de Rabat. Le chef de la diplomatie espagnole a déclaré, à son arrivée à Alger, que le conflit du Sahara-Occidental - qui bute sur le refus du Maroc d'appliquer le plan de règlement approuvé par le Conseil de sécurité de l'ONU désigné sous l'appellation de « Plan Baker » - doit trouver « une solution définitive dans le cadre de la légalité internationale ». M. Moratinos a ajouté que l'Espagne et l'Algérie partagent la même approche concernant ce dossier. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a révélé, pour sa part, lors d'un point de presse animé avec son homologue espagnol, la nomination imminente par le secrétaire général de l'ONU d'un nouveau représentant pour le Sahara-Occidental. Le « Monsieur Sahara-Occidental » à l'ONU pourrait être de nationalité hollandaise. M. Moratinos a, de son côté, affirmé que l'Espagne « affiche et remplit pleinement ses engagements pour le règlement dans le cadre de l'ONU du conflit du Sahara-Occidental ». Les clarifications de Madrid La déclaration du diplomate espagnol a pour avantage de lever les ambiguïtés sur la politique de Madrid concernant le dossier sahraoui. Elle accentue ainsi l'isolement de Rabat au plan international. Paris est la seule capitale occidentale à soutenir encore la position du Palais royal sur la question du Sahara-Occidental. Le diplomate espagnol a souligné que son pays s'est engagé « à donner la priorité au dossier du Sahara-Occidental dans le cadre des Nations unies, à travers l'application des résolutions du Conseil de sécurité ». « L'engagement des Nations unies est primordial pour une dynamique de paix et d'espoir » entre le Maroc et le Sahara-Occidental, a-t-il insisté. Il a prôné, de plus, « la nécessaire nomination dans les meilleurs délais » d'un représentant personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara-Occidental. Cette nomination, qui, a-t-il poursuivi, est « réclamée par toutes les parties, ouvrirait la voie à une implication de la communauté internationale en faveur de la résolution définitive de ce vieux conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario ». Loin d'être routinière, la visite à Alger de M. Moratinos a focalisé l'attention dans la mesure où elle a consisté pour Alger et Madrid à passer en revue des propositions importantes intéressant les relations bilatérales et l'avenir de la région. « Ma visite prouve l'excellent niveau des relations qu'entretient l'Espagne avec un pays ami comme l'Algérie. Nous devons étudier des propositions importantes pour les agendas bilatéral et régional. Tous ce que nous souhaitons est qu'il y ait un développement harmonieux au Maghreb », a souligné le chef de la diplomatie espagnole. Au titre particulièrement des relations bilatérales, il a mentionné que les deux pays « ont désormais le regard tourné vers l'avenir dans la perspective de consolider davantage leur alliance stratégique ». Selon lui, les contacts réguliers entre les deux pays concourent à conforter leur coopération, appelée « à s'étendre à davantage de segments économiques et sociaux ». Dans ce contexte, le ministre espagnol a évoqué le projet Medgaz qui « témoigne de la détermination des deux pays à construire un espace commun, qui peut se développer vers d'autres projets, dont celui de l'établissement d'un câble électrique reliant l'Algérie et l'Espagne ». Il s'agit, selon lui, d'aboutir à une « interdépendance positive qui s'inscrit dans l'éventail de projets de partenariat diversifié brassant autant les domaines techniques que ceux de l'éducation et de la culture ». Le diplomate espagnol a soutenu que le dialogue euro-méditerranéen, également au menu des discussions, constitue « un cadre supplémentaire pour la promotion de ces relations ». A signaler enfin que M. Moratinos a été reçu au cours de sa visite par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia.