La demi-journée de protestation observée, hier, par les dockers a généré des pertes considérables. Comme prévue par la Coordination nationale des syndicats, la demi-journée de protestation des 15 000 dockers a bel et bien eu lieu hier, paralysant la totalité de l'activité des dix ports répartis sur le territoire national. Un arrêt de travail de courte durée, mais qui n'a pas manqué, cependant, de se faire très vite ressentir et bloquer pas moins de 94 navires à quai sans compter ceux qui sont restés en rade. Le seul pavillon de voyageurs qui n'a pas été pénalisé est Tarik Ibn Ziad qui a accosté aux environs de 10h45. Les syndicalistes rencontrés hier, au siège du syndicat d'Alger ont commenté cette paralysie, de 100%, qui va générer des pertes considérables. “Ce n'est pas à nous qu'on doit reprocher cette situation d'enlisement, mais plutôt à ceux qui font la sourde oreille à nos revendications”, dira M. Bendebka Youcef, chargé des affaires sociales et culturelles en guise d'entrée en matière avant de revenir sur des évènements récents qu'il estime aujourd'hui inexplicables. “Il n'y a pas si longtemps, notre entreprise a été sollicitée pour venir à la rescousse de la Cnan qui était à l'agonie. Ils ont demandé à ce qu'une somme d'argent considérable nous soit soustraite pour être injectée à cette entreprise en faillite. Le port d'Alger, à lui seul, a déboursé 90 milliards de centimes et à l'échelle nationale, l'aide se chiffre à environ 350 milliards de centimes”, dira-t-il avouant qu'au tout début, les dockers n'étaient pas très emballés à cette idée, mais ils ont fini par céder dès que l'intérêt du pays et la survie du pavillon national leur ont été évoqués. “Cela signifie que notre entreprise marche bien. Mais alors à quoi ça sert de se presser d'entamer, ainsi, le processus de privatisation, ou tout autre idée de partenariat ?” s'est interrogé M. Bendebka en pointant un doigt accusateur vers ceux qui veulent mener une privatisation au profit de quatre ou cinq personnes au détriment de milliers de travailleurs sans compter les 3 000 journaliers. Aux côtés d'autres syndicalistes, M. Bendebka parlera d'un projet de partenariat avec la Sonatrach, ce qui n'aurait posé, selon lui, aucun problème. “Ce projet a très vite était abandonné pour je ne sais quels desseins inavoués”, a-t-il dénoncé, opposant un “niet” catégorique à une privatisation au profit “de prédateurs” au lieu de sérieux investisseurs internationaux. “L'expérience des élévateurs Clarck est, à elle seule, suffisante pour démontrer que la privatisation est loin d'être la solution idéale pour les ports. En plus, il est complètement injuste de laisser nos travailleurs sans matériel et de surcroît, leur travail est confié à des privés. Où est donc la logique dans cette façon d'agir ? Il est de coutume de privatiser une activité qui n'est pas rentable ou lorsqu'il y a manque de savoir-faire. Or, ce n'est pas le cas”, n'a cessé de marteler M. Bendebka visiblement excédé par le mépris total des autorités qui, pour toute réaction, ont sommé les administrations de défalquer la demi-journée d'arrêt de travail des salaires. “Cette demi-journée n'est qu'un avant-goût de ce qu'on est capable de faire”, a-t-il averti en précisant qu'il ne servait à rien de prendre langue avec notre direction pour la simple raison qu'elle est hors de cause. Les syndicalistes n'ont pas manqué de réitérer le soutien inconditionnel de la centrale syndicale avec laquelle ils sont en contact permanent. Une rencontre a eu lieu hier avec Sidi Saïd qui devait signer la lettre de soutien et recevoir un rapport sur l'évolution de la situation. Par ailleurs, le port de Skikda n'a pas échappé, de son côté, à ces perturbations où six navires sont restés à quai et les mouvements d'entrées ou sorties de navires au niveau des deux ports ont été suspendus. N. S.