Les groupes parlementaires soulignent quasiment le paradoxe entre la bonne santé financière de l'Algérie et une situation sociale tendue. Les députés, dans leur majorité, semblent se diriger vers le rejet des augmentations introduites, à travers certaines taxes, dans le projet de loi de finances pour 2005. C'est du moins ce qui ressort des interventions des groupes parlementaires, hier, à l'Assemblée populaire nationale (APN). Les présidents des groupes parlementaires ont, dans leur quasi-totalité, mis en évidence la préoccupation de nombreux députés face à ce qu'ils qualifient de “contradiction” entre la bonne santé financière qu'affiche l'Algérie et une situation sociale marquée, selon eux, par la persistance du chômage, la baisse constante du pouvoir d'achat des citoyens et le manque d'infrastructures de base dans les régions. Le FLN, qui fait pourtant partie de la coalition présidentielle, trouve injustifiées les hausses du prix du gasoil et de l'eau minérale proposées par le gouvernement. Ces dispositions, souligne le président du groupe parlementaire du FLN, “auront comme conséquences d'accentuer la pauvreté des citoyens”. C'est aussi le cas concernant l'introduction dans le projet de loi de finances 2005 d'une TVA (taxe sur la valeur ajoutée) de 7% sur les médicaments. Le FLN estime que cette taxe risque d'influer négativement sur la prise en charge du malade. Ces préoccupations sont partagées par un autre parti de la coalition, le MSP. Abdelhak Boumechra, président du groupe parlementaire du MSP, estime que l'embellie financière affichée par notre pays et la croissance économique enregistrée ces cinq dernières années n'ont pas amélioré le pouvoir d'achat des Algériens. Du coup, le MSP regrette et rejette les augmentations proposées par le gouvernement. Ce parti d'obédience islamiste, rejette aussi l'article sur l'abrogation de l'importation des boissons alcoolisées. Ce rejet, le MSP le partage avec un autre parti islamiste : El-Islah. Ce dernier va plus loin en proposant l'interdiction même d'en produire localement. Le MSP nuance tout de même son opposition au projet de loi de finances pour 2005. Le président du groupe parlementaire souligne dans son intervention un certain nombre de mesures qu'il juge favorables. Il cite la gestion active de la dette et l'assainissement des relations entre les banques et les entreprises publiques, entre autres. Le RND est le seul parti à afficher son soutien au projet de loi de finances 2005. Il propose tout de même l'annulation de la taxe sur la valeur ajoutée de 7% sur les médicaments. Il suggère aussi la révision de l'augmentation du prix du gasoil en raison de sa consommation dans les ménages. Le RND salue la proposition de la mise en place du fonds d'investissement et de l'emploi, une idée dont la paternité, faut-il le rappeler, revient à l'UGTA. Il exprime sa satisfaction de voir l'introduction dans le projet de loi de finances 2005, des mesures de lutte contre la fraude et la promotion des investissements. Le RND souligne la nécessité d'accélérer les réformes économiques. Louisa Hanoune, du Parti des travailleurs, a été très virulente à l'encontre de Benachenhou. Selon elle, il est inconcevable qu'un tiers des recettes pétrolières va vers les réserves de change et le fonds de régulation des recettes, qui, pour elle, “sont des instruments de garantie pour les investisseurs étrangers”. M. R.