Les manifestants rejettent les indemnités que leur propose l'Etat, et réclament la vérité sur le sort de leurs enfants. Les familles des disparus ont tenu à célébrer le cinquantième anniversaire du déclenchement de la révolution devant le siège de la Commission nationale pour la promotion des droits de l'homme. Des mères, des frères et des pères de citoyens qui n'ont plus donné signe de vie depuis des années, se sont fixé rendez-vous hier à l'endroit habituel de leur protesta, le carrefour d'Addis-Abeba, pour demander la vérité sur le sort réservé à leurs enfants. Plus de 5 000 dossiers sur des cas de disparition dorment aujourd'hui sur les bureaux de Farouk Ksentini. Sans parler de ceux qui sont enregistrés au niveau du Parti des travailleurs et de l'association SOS disparus. Devant le siège de l'ancien Observatoire national des droits de l'Homme, les familles éplorées veulent marquer la journée du 1er novembre en lettres de contestation. Outre le refus qu'elles opposent aux alléchantes indemnités que l'Etat leur propose, apparemment “pour clore définitivement le dossier des disparus”, les manifestants ne cachent pas leur colère contre Farouk Ksentini qui, selon eux, est “en train de couvrir les criminels”. Abdelaziz Bouteflika en prendra aussi pour son grade “pour avoir élargi 3 800 prisonniers” et son projet d'amnistie générale. “Il n'y aura pas d'amnistie ni de réconciliation nationale sans nos enfants”, lance une femme brandissant le portrait de son fils étudiant, “enlevé au milieu des années 1990”, et dont elle sait pertinemment qu'il est toujours en vie, une hypothèse que réfutera, cependant, le président de la commission nationale pour la promotion des droits de l'homme. Pourquoi as-tu peur de la vérité M. Bouteflika ? lancent encore les familles de disparus qui, hier, racontaient leurs malheurs à une équipe de télévision espagnole accompagnée par Dalila Taleb, ancienne députée du FFS. À la question sur les affirmations sur des cas de personnes enlevées, mais qui sont toujours en vie, la présidente de l'association de SOS disparus, Mme Yous, souligne : “nous avons des informations sur tous les cas, nous ne rentrerons pas chez nous avant de connaître la vérité sur nos enfants, nous rejetons les indemnités qu'ils nous proposent. Qu'ils jugent les personnes qu'ils détiennent si elles ont fait quelque chose”, ajoutera notre interlocutrice qui tranchera : “moi je ne pardonne pas.” S. R.