Arrivé en Côte d'Ivoire pour protéger les quelque 14 000 Français vivant dans le pays et servir de force d'interposition entre forces loyalistes et les rebelles des Forces nouvelles rebelles, le dispositif militaire hexagonal est désormais en configuration de guerre. Paris, qui dispose de 4 000 hommes en Côte-d'Ivoire aux côtés d'une force de l'Onu de plus de 6 000 hommes, a envoyé, hier, 300 hommes supplémentaires ce qui a détruit tout le dispositif aérien ivoirien composé de deux Sukhoï et de cinq hélicoptères. De fabrication soviétique, les Sukhoï qui ont bombardé le cantonnement militaire français faisant neuf morts, sont considérés comme des avions redoutables dans leur mission. Ce sont des chasseurs-bombardiers qui volent lentement et à basse altitude. Ils ont été développés dans le cadre d'une guerre génénalisée en Europe pour s'en prendre au dispositif blindé de l'Otan. Outre la destruction de la petite force aérienne ivoirienne, la France a envoyé un détachement de trois mirages F1 basés au Gabon. Les avions peuvent intervenir ou rester en vol grâce à un ravitailleur faisant partie du détachement. Avec ce dispositif, la maîtrise du ciel appartient à la France qui se trouve ainsi engagée dans un conflit ouvert. Ses ressortissants expatriés ont tous ce sentiment.”On est cernés de partout. Ils ont envie de bouffer du Français”, s'est alarmé un résident de la capitale ivoirienne après les appels des “jeunes patriotes”, proches du président Laurent Gbagbo, à manifester contre la France à Yamoussoukro ainsi qu'à se rendre à l'aéroport d'Abidjan, vers lequelconvergeaient des milliers de personnes. Machettes entre les mains, les manifestants ont ratissé les villes à la recherche d'éventuelles cibles. “Nous ne pouvons pas sortir. Ils se promènent partout. Nous avons tiré des coups de sommation mais ils vont revenir plus nombreux”, s'est inquiétée pour sa part une résidente du quartier dit Zone 4 près de l'aéroport. “On ne peut pas rester comme ça. La zone 4 a besoin d'être sécurisée. Ça fout la trouille. J'ai essayé de parler avec eux mais ils sont trop excités. Ils disaientvouloir du Français”, a poursuivi cette femme en pleurs sur les ondes de la Radio France Info. “Nous, on n'a rien à voir avec la politique. C'est mon pays. J'ai toujours vécu ici. Ca ne peut pas continuer. Je ne comprends plus rien. Laissez-nous tranquilles”, a-t-elle supplié. “C'est la guerre contre les Français”, s'est inquiété un autre résident qui a eu la vie sauve grâce à sa femme de ménage qui a réussi à la cacher aux manifestants qui ont envahi sa maison pour la saccager. “Ils veulent la peau d'un blanc”, a-t-il dit. La peur montait au fil du temps mais la France n'envisageait pas encore hier une évacuation massive de ses ressortissants. Il est pourtant à craindre qu'un mur de haine se dresse entre les deux communautés. Y. K.