Les autorités françaises ont, de leur côté demandé au président Ivoirien Laurent G'bagbo de trouver une solution politique à la crise. La Côte d'Ivoire vit depuis samedi une situation de confusion généralisée, après les bombardements par l'armée ivoirienne d'un quartier général de l'armée française, faisant neuf morts et une trentaine de blessés. Une agression condamnée par le conseil de sécurité de l'ONU qui a, par là même, soutenu l'action des troupes françaises en Côte d'Ivoire. Dans cette déclaration, présentée par la France et lue par le président du Conseil, l'ambassadeur américain à l'ONU John Danforth, le Conseil «condamne l'attaque commise contre les forces françaises à Bouaké, ainsi que les frappes aériennes meurtrières menées dans le nord du pays par les forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci)», qui «constituent des violations de l'accord de cessez-le-feu du 3 mai 2003». Le Conseil «exige de l'ensemble des parties ivoiriennes, la cessation immédiate de toutes les opérations militaires et le respect complet du cessez-le-feu» Hier, la situation s'est davantage dégradée, puisque des centaines d'Ivoiriens ont tenté, de reprendre en main l'aéroport de la capitale contrôlé par les militaires français. Dans la nuit de samedi à dimanche, des hélicoptères français ont ainsi procédé à des tirs, au canon de 20 mm, sur une foule hostile de milliers de personnes qui cherchaient à atteindre l'aéroport. Les manifestants chauffés à blanc accusaient les militaires français de soutenir les rebelles. Les manifestations se sont soldées par la mort de trois Ivoiriens. Les autorités françaises ont, de leur côté demandé au président Ivoirien, Laurent G'bagbo, de trouver une solution politique à la crise qui secoue le pays depuis plus d'une année. Pour sa part, le chef de la diplomatie française, Michel Barnier a, dans un entretien téléphonique avec le président ivoirien G'bagbo, demandé à ce dernier de «trouver une solution politique» à la tension actuelle en Côte d'Ivoire, soulignant que «la violence ne mène à rien». Auparavant, M.Barnier a indiqué que l'attaque menée contre un détachement français du dispositif Licorne à Bouaké ne pouvait rester sans réponse: «Nous avons riposté aussitôt dans le cadre de la légitime défense», a-t-il indiqué. Il est utile de préciser qu'aussitôt après l'attaque de ses positions, l'armée française a détruit les avions et les hélicoptères de l'armée ivoirienne et envoyé des renforts pour contrer une flambée de violence contre ses ressortissants, notamment à Abidjan. La France a annoncé qu'elle allait proposer au Conseil de sécurité l'adoption de nouvelles mesures, incluant un embargo sur les armes à l'encontre de la Côte d'Ivoire. Paris, qui dispose de 4000 hommes en Côte d'Ivoire aux côtés d'une force de l'ONU de plus de 6000 hommes, a annoncé l'envoi de 300 hommes supplémentaires pour assurer la sécurité de ses ressortissants, alors que les actions anti-françaises se multiplient, notamment à Abidjan. Hier, une compagnie de 150 soldats français en provenance de Libreville (Gabon) s'est posée sur l'aéroport d'Abidjan afin de prêter main forte à leurs collègues, retranchés dans leurs campements à Bouaké et au niveau de l'aéroport d'Abidjan. Par ailleurs, la tension a été accentuée par la guerre de communiqués entre Paris et Abidjan. Ainsi la France a opposé un démenti catégorique aux déclarations du président du parlement Ivoirien, Mamadou Koulibaly qui avait affirmé qu'une «trentaine» d'Ivoiriens avaient été tués et une centaine d'autres blessés par l'armée française. Le président du parlement ivoirien pousse le bouchon très loin en menaçant la France d'un deuxième Vietnam. La Côte d'Ivoire sera pour la France pire que le Vietnam et le gouvernement ivoirien est entré en «résistance» contre la mainmise française, a déclaré, hier Mamadou Koulibaly. «Nous sommes vraisemblablement partis pour une guerre longue, difficile, un bourbier pour les Français. Ce qui s'est passé (...) marque un point de rupture. Le Vietnam ne sera rien par rapport à ce que nous allons faire ici» Les attaques gouvernementales contre les positions françaises sont qualifiées de «coup d'Etat» par les rebelles mettant en péril les accords de Marcoussis signés en janvier 2003 en France et réactivés en juillet 2004 à Accra, au Ghana. Rappelons que la Côte d'Ivoire est coupée en deux, depuis septembre 2002, d'une rébellion contre le président G'bagbo, par une «zone de confiance» où sont stationnés des Casques bleus appuyés par des troupes françaises.