Louisa Hanoune a détaillé hier les positions, souvent tranchées, du parti des travailleurs sur les questions d'actualité, comme le Sahara occidental, l'amnistie générale ou même le récent vote de la loi de finances. Louisa Hanoune, porte-parole du parti des travailleurs (PT), vient sans doute de briser un tabou de taille : à contre-courant du consensus général, longtemps frappé d'une espèce de sacralité, la pasionaria affirme qu'elle n'est pas très portée sur le soutien au Front Polisario. “Pour nous, ce n'est pas la priorité. La priorité, c'est plutôt l'Irak et la Palestine”, dit-elle. Lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège du parti à Alger, la porte-parole du PT ne s'est pas trop embarrassée pour affirmer que son parti ne soutient pas le Front Polisario. “On ne soutient pas le Polisario et on ne soutient pas le plan Baker”, déclare-t-elle. Cette position pour le moins “surprenante”, même si elle affirme qu'elle ne constitue pas “un recul”, tient pour deux raisons : d'abord, elle n'a jamais oublié la célérité avec laquelle les Sahraouis ont sollicité l'aide de Bush au moment où celui-ci lançait son invasion de l'Irak. Ensuite, dans le prolongement de sa conception des enjeux internationaux, elle entrevoit derrière cette question “une stratégie dont les multinationales tirent les ficelles pour disloquer la région du Maghreb”. C'est pourquoi, à ses yeux, l'ouverture d'un débat autour de la question sahraouie s'avère plus que jamais nécessaire. “Il faut ouvrir le débat sur la question”, estime-t-elle. Cependant, inspirée sans doute des éventuelles réactions à sa sortie, elle tient à préciser qu' “on est avec le peuple et qu'il y a des solutions démocratiques”. D'ailleurs, elle ne manque pas de rappeler qu'elle est “d'accord avec le chef de l'Etat qui dit que la question sahraouie ne doit pas être un préalable à la construction du Maghreb”. Elle se dit même rassurée lorsque les officiels affirment “qu'on ne fait pas partie du conflit”. “L'amnistie doit être l'aboutissement d'un processus” Autre question évoquée par Louisa Hanoune, l'amnistie générale qui suscite d'ores et déjà maintes interrogations. Selon elle, avant d'aller au référendum, il faut un large débat entre les Algériens pour qu'ils “puissent s'exprimer et tourner la page”, mais principalement que la question doit être sous- tendue par le règlement de nombreux problèmes restés encore en suspens comme l'officialisation de tamazight, l'abrogation du code de la famille, la libération des détenus politiques et le règlement de la question des disparus. Bref en un mot, “la paix”. “L'amnistie pour nous doit être l'aboutissement d'un processus”, explique-t-elle. Et d'ajouter que le référendum “vient en dernier, et concerne les acteurs impliqués de près ou de loin dans la crise”. “Le référendum, c'est pour faire taire le langage des armes et qu'il n'y ait plus d'arguments pour le recours aux armes”, précise-t-elle encore. “Les engagements du président ne sont pas dans la loi de finances” Mais comme il fallait s'y attendre, ce sont les questions économiques, particulièrement la loi de finances qui vient d'être adoptée par le Parlement, sur lesquelles Louisa Hanoune a essentiellement axé son intervention. Ainsi, à ses yeux, cette loi, inspirée par le FMI (fonds monétaire international) s'inscrit en faux par rapport aux aspirations populaires et est dirigée contre la production nationale. “C'est une provocation car il y a de l'argent”, estime-t-elle non sans soutenir que “les députés ont repoussé certaines attaques sauvages”. Selon elle, il n'y a ni perspective d'emploi dans cette loi ni plan de relance économique. “Les engagements du président ne sont pas dans cette loi”, dit-elle. D'ailleurs, elle relève quelques “contradictions” entre le discours du président relatif à l'amnistie, et selon lequel il ne peut pas “outrepasser les lois”, et la loi de finances qui viole, à ses yeux, les articles 3, 13 et 17 de la constitution. Par ailleurs, elle s'est dit solidaire de l'Ugta même si les positions de celle-ci sont marquées par un certain flottement. “On est contre l'effritement de l'Ugta”, a-t-elle justifié. K. K.