En raison des demandes qu'il a formulées et qui restent à ce jour insatisfaites, le Parti des travailleurs risque de bouder les urnes. Participera-t-elle ou ne participera-t-elle pas à l'élection présidentielle prochaine? Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), ne semble pas inquiétée outre mesure par cette question. A quelque 60 jours seulement du jour J, la responsable du PT ne voit aucun inconvénient à temporiser et attendre. Mais il y a bien quelque chose qui empêche le PT de trancher dans une échéance aussi importante que la présidentielle...Y aller pour faire des concessions en cascade et cautionner les partis au pouvoir dans leur élan de recherche de candidats? Bouder ce rendez-vous politique et rallier les opposants (qu'elle vilipende chaque fois) qui ont refusé de s'y impliquer? Louisa Hanoune est dans une expectative réelle. De ce fait, Mme Hanoune se trouve, de l'avis des analystes, désorientée par les conditions qu'elle a posées auparavant et la conjoncture politique actuelle, aucun candidat de taille ne s'étant présenté. Ses déclarations dans un passé récent risquent de peser lourd. «L'élection présidentielle se prépare dans des conditions dangereuses», avait-elle en effet déclaré. En fait, si c'est le cas, pourquoi va-t-elle y prendre part? si il ne l'est pas, qu'est-ce qu'elle attend pour trancher? Pour assainir la situation, son parti avait posé toute une panoplie de conditions et de doléances pour prendre part au scrutin du mois d'avril prochain. L'amélioration du pouvoir d'achat, un Snmg à 35.000 dinars, l'arrêt du processus de privatisation, le refus catégorique de l'intégration de la Zone arabe de libre-échange (Zale), le refus de la pénalisation des harraga, l'insuffisance de lisibilité de la scène politique, la révision de la loi électorale, la remise en confiance des citoyens quant à l'acte de vote, sa position contre la présence des observateurs étrangers...aucune de ses demandes pour un «bon déroulement du scrutin» n'a été accueillie favorablement. Sur cette dernière question, la position du PT est claire. «On ne comprend pas pourquoi on leur a fait appel et aucune explication rationnelle ne peut justifier cette action, sinon un chantage étranger», s'était emportée Hanoune qui considère que cette présence constitue «une atteinte à la souveraineté nationale qu' on ne peut pas admettre». Devant cet état de fait, le PT a envoyé une correspondance au président de la République pour lui faire part de toutes ses préoccupations ainsi que pour assainir le terrain en vue d'une meilleure préparation de l'échéance. Ce dilemme est d'autant plus accentué par le rejet systématique des amendements introduits par le Parti des travailleurs aux différents projets de loi débattus à l'Assemblée populaire nationale (APN). Certes, la session du comité central est laissée ouverte pour étudier toute éventualité, (c'est ce qu' a déclaré, hier, son porte-parole Djelloul Djoudi, que nous avons joint au téléphone), mais la pression du temps ne prête guère au suspense. M.Djoudi a indiqué également que le dossier de candidature du PT est sur le point d'être finalisé (notamment la collecte des signatures) et que la direction du parti est en plein discussion concernant la question. «La décision finale ne tardera certainement pas à venir», a-t-il souligné avant de réitérer toutes les revendications du Parti des travailleurs qui sont toujours d'actualité. Ainsi, Louisa Hanoune, qui aspire à une lisibilité plus claire de la situation politique, garde une illisibilité flagrante sur les affaires au sein de son parti et, notamment, sur sa position concernant la présidentielle prochaine. Ainsi et à seulement quelques jours de la convocation du corps électoral, il y a fort à parier que le parti de Mme Hanoune boudera les urnes. D'ailleurs, tout porte à le croire. En effet, d'aucuns estiment que Hanoune tranchera contre la participation et mettra fin à la rumeur selon laquelle elle attend l'annonce de la candidature du Président Bouteflika. En attendant bien sûr la réunion du comité central avec le bureau politique qui interviendra dans les jours à venir pour dégager la position finale du parti.