L'amnistie générale doit consacrer l'aboutissement d'un processus de sortie de crise du pays pour permettre au peuple algérien de tourner hardiment la page de la tragédie. » C'est ainsi que définit le porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, la proposition du président de la République. Aux yeux de la première responsable du PT, qui s'exprimait hier lors d'une conférence de presse en son siège, « des initiatives politiques » devraient tout d'abord être entreprises par le chef de l'Etat en vue de régler les problèmes des Algériens avant cette amnistie. La solution démocratique à la crise nécessite, selon toujours Mme Hanoune, le règlement des dossiers politiques, dont la vérité sur la question des disparus, la libération des détenus politiques, la question identitaire... « L'amnistie n'est pas de l'impunité. Il faut ouvrir un débat national pour mettre fin aux origines de la crise », a-t-elle dit. « Une décision politique pour officialiser la paix s'impose », selon elle. Et le référendum, pour notre interlocutrice, c'est pour « stopper le langage des armes ». Le PT est par ailleurs contre une amnistie fiscale qui profiterait plus aux voleurs. « On ne doit pas profiter de cette amnistie pour décréter une amnistie fiscale au profit des voleurs », estime-t-elle. En résumé, la réconciliation nationale, Mme Hanoune la voit comme une « rupture » avec la politique des orientations des institutions internationales, notamment le Fonds monétaire international (FMI), l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale (BM) et l'Union européenne (UE). Justement, selon Mme Hanoune, « la loi de finances pour 2005 a été conçue sous les orientations de ces institutions ». Abordant cette loi, que son parti a rejetée, Mme Hanoune se réjouit du fait que « les députés ont repoussé certaines attaques sauvages », mais regrette que des mesures antinationales soient passées. Mme Hanoune s'interroge sur le pourquoi de la non-apparition dans cette loi de finances des engagements du chef de l'Etat relatifs au nouveau Plan national de relance économique (PNRE) qui est de 50 millions de dollars. Quant à l'accord d'association avec l'UE, selon elle, « celui-ci ouvre la signature d'un libre-échange avec les Américains qui feront ‘'fondre'' les produits locaux ». Ainsi, Mme Hanoune relève un langage contradictoire des pouvoirs publics et « au moment où l'on annonce la célébration du 50e anniversaire durant toute une année pour expliquer pourquoi le peuple a pris les armes, l'on s'exprime sur la privatisation de 1200 entreprises publiques ». Alors que les articles 1, 13 et 17 de la Constitution, selon elle, définissent la propriété inaliénable de la collectivité nationale et que les entreprises visées construites avec les fonds publics appartiennent à la nation. Par ailleurs, la question du Sahara-Occidental ne constitue pas, pour le PT, une priorité. « Pour nous, les seuls pays qui sont une priorité sont l'Irak et la Palestine », souligne Mme Hanoune. Cette dernière se dit être contre la présidence du Polisario et le plan Baker, qui définit le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. « Nous n'avons pas d'intérêt pour cette terre (sahraouie, ndlr) et nous ne voulons pas que celle-ci soit une condition pour garder la fraternité avec nos riverains », dira Hanoune. Pour ce qui est de la question irakienne, Mme Hanoune se dit non convaincue par la position algérienne. De ce fait, elle demande aux autorités d'« éclairer » leur position par rapport à ce dossier.