Après Driss Basri, c'est au tour du Comité des droits de l'Homme marocain de se prononcer pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Décidemment, le front uni que présentait le royaume alaouite sur la question du Sahara occidental s'effrite de jour en jour, à voir les dernières prises de positions de personnalités et d'instances marocaines. Le dernier événement en date qui défraie la chronique sur ce sujet est le rapport du Comité des droits de l'homme au Maroc. Dans ses observations finales au roi à l'issue de sa dernière session, tenue du 3 au 5 novembre courant, et lors de laquelle il a étudié le cinquième rapport périodique du royaume, le comité fait part de sa préoccupation devant “l'absence d'avancée sur la question d'application du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”. Il recommande à Mohammed VI : “L'Etat parti devrait déployer tous ses efforts pour permettre aux populations concernées de jouir pleinement des droits reconnus par le pacte.” Dans un autre registre, le comité fait état, dans son rapport, de plaintes, tortures et mauvais traitements sur des personnes incarcérées. Cette instance n'a pas manqué de faire part au roi de ses préoccupations à la suite de l'empêchement de quelques représentants d'organisations non gouvernementales de se rendre à Genève pour assister à une réunion sur le Sahara occidental, par le retrait de leurs passeports. Cela étant, ces recommandations officielles constituent une nouvelle fissure dans l'unité marocaine sur la question du Sahara occidental, qui faisait l'unanimité, à en croire les déclarations officielles du palais. En effet, Driss Basri, l'ancien ministre marocain de l'Intérieur sous Hassan II et homme fort du royaume, a créé une brèche dans le système en début de semaine par ses déclarations favorables à un référendum au Sahara occidental, au journal espagnol Razon. Sa sortie médiatique est restée sans écho au royaume. Basri est également relayé par le journaliste marocain Ali Lemrabet, qui n'a pas hésité, lui non plus, à reprocher au gouvernement de son pays d'avoir perdu beaucoup de temps à tergiverser au lieu d'opter pour un règlement du conflit en permettant aux Sahraouis de se prononcer sur leurs droits à l'autodétermination. “S'ils acceptent de rester Marocains, c'est tant mieux pour l'unité territoriale du Maroc”, a-t-il dit, avant d'ajouter : “Le cas échéant, ils auront fait leur choix.” Acculé sur la scène internationale par les résolutions onusiennes, favorables à un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, le souverain chérifien voit, aujourd'hui, l'unité nationale sur la question, dont il se prévalait dans ses déclarations, voler en éclats. C'est un rude coup pour Mohammed VI, obligé maintenant de trouver une autre porte de sortie. En dépit de cela, il continue à gagner du temps par des initiatives peu sérieuses, à l'image de la proposition visant à faire du président zimbabwéen un médiateur dans le conflit. En effet, mis au ban de la communauté internationale pour son pouvoir despotique, Robert Mugabe, est loin d'être la personnalité indiquée pour trouver une solution à ce conflit, qui ne concerne que le Maroc et le Sahara occidental. K. A