L'actuel ministre de l'Energie et des Mines est pressenti pour succéder à Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement. Le remaniement ministériel, initialement prévu par le président de la République, est en train de se muer actuellement en un véritable changement du gouvernement. C'est ce que révèle une source proche de la présidence de la République qui soutient que même si le changement du gouvernement n'intervient pas dans l'immédiat, un remaniement ministériel est d'ores et déjà inscrit dans le calendrier du président de la République. Prévu au plus tard, début 2005, ce changement répond en fait à la volonté du chef de l'Etat de se doter d'un Exécutif à même d'être en phase avec lui essentiellement sur la question des réformes économiques. “Le président veut aller très vite dans la mise en application des réformes économiques pour préparer et faciliter l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et à l'UE”, note notre source. Selon notre interlocuteur, cette fois-ci, le toilettage du gouvernement n'est pas une histoire de changement de portefeuille, mais un tout autre genre d'Exécutif : le président veut, en effet, avoir à sa disposition un gouvernement de technocrates à même d'appliquer son programme à la lettre et surtout d'accélérer les réformes économiques. Dans cette perspective, Bouteflika refuse d'être l'otage des choix et, par ricochet, des pressions des partis politiques. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le départ du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, de la tête de l'Exécutif, est fortement souhaité par le président de la République : “Le président déchargera Ouyahia de la chefferie du gouvernement dans tous les cas de figure”, révèle à ce propos notre source qui précise que “même si Ouyahia ne quitte pas le gouvernement dans l'immédiat, il le quittera un peu plus tard”. “De même que le président n'acceptera plus de choisir des ministres parmi les noms que lui proposent les chefs de parti”, souligne-t-il encore, avant de préciser : “Bouteflika veut s'affranchir définitivement des options et choix des hommes proposés par des partis politiques pour gérer des ministères”. Quel successeur pour Ouyahia ? Selon nos sources, Chakib Khelil, l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, est fortement pressenti à la tête de l'Exécutif. “Chakib Khelil partage les visions de Bouteflika sur les réformes économiques et notamment celle des hydrocarbures”, confie encore notre source. Cependant, la succession à Chakib Khelil pose problème dans la mesure où le président et sa pléiade de conseillers n'arrivent pas à lui trouver un remplaçant au ministère de l'Energie et des Mines. “Ce qui cause du retard dans l'annonce du prochain changement du gouvernement”, relève-t-on. En quittant la tête du gouvernement, Ahmed Ouyahia ne sera pas mis hors circuit : il gardera un titre de ministre d'Etat, soutient notre source. Une autre source table sur un placement probable de celui-ci à la tête du ministère des Affaires étrangères. Selon des sources recoupées, Benachenhou sera déchargé, quant à lui, du ministère des Finances pour occuper un poste de conseiller à la présidence de la République. Il sera remplacé à son poste par Hamid Temmar, l'ex-ministre délégué chargé des Participations de l'Etat. Abdelmalek Sellal, ministre de l'Hydraulique se verra, quant à lui, remercier pour prendre les fonctions d'ambassadeur. Il sera probablement remplacé par Saïd Barkat qui quittera le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. D'autres ministères en rapport avec la chose économique changeront également de mains, à l'image de celui de la PME-PMI et de celui du Commerce, ajoute notre source mais sans pour autant s'avancer sur l'identité de leur remplaçant. Aussi des départements à l'image de la Santé, de la Formation professionnelle, de la Culture, de l'Emigration et de la Communication changeront-ils également de mains ? Des dossiers d'éventuels remplaçants sont actuellement présentés au président, nous dit-on. Ce prochain changement du gouvernement interviendrait, par ailleurs, dans de nouvelles mœurs politiques que les conseillers à la présidence recommandent au chef de l'Etat d'imprimer au pays. Ces nouvelles mœurs, “plus proches, nous dit-on, de ce qui se fait dans les pays occidentaux” auront pour conséquences de concentrer l'essentiel du travail des ministres dans leurs départements respectifs, pour ne pas les disperser dans d'autres us protocolaires. En clair, il s'agit d'alléger les ministres de fonctions gouvernementales qui ne les concernent pas au premier plan pour les rendre plus disponibles pour leurs départements respectifs. “Entre les Conseils des ministres, les Conseils de gouvernement, les Conseils interministériels, l'accueil des délégations étrangères en visite en Algérie et la participation des ministres dans les dîners offerts en leur honneur, comment les ministres pourront-ils trouver le temps nécessaire pour gérer et traiter les dossiers de leur ministère ?” s'interroge notre source. Abdelatif Benachenhou et Chakib Khelil ont d'ailleurs inauguré ces nouvelles mœurs, en s'absentant des Conseils de gouvernement qui n'inscrivent pas à l'ordre du jour des dossiers liés à leurs secteurs respectifs. “En quoi, un Conseil de gouvernement, traitant de la lutte anti-acridienne, pourrait-il intéresser Chakib Khelil et en quoi l'adhésion de l'Algérie à l'OMC pourrait-elle intéresser le ministre des Affaires religieuses ?” reprend notre interlocuteur en guise d'argument. N. M.