Quelque 48 heures après la venue du ministre de l'Enseignement supérieur, Mohamed Mebarki, pour inaugurer le Salon des drones qui s'est tenu au Centre des conventions d'Oran, la colère des étudiants d'Oran s'est exprimée à travers le blocage total de l'université Med-Boudiaf, ex-Usto, et du campus de l'Institut de génie civil et maritime (IGCMO). Hier matin, devant l'entrée de l'université, des centaines d'étudiants des facultés d'architecture, de génie électrique et d'informatique, sans oublier ceux de génie civil, de génie maritime et de génie mécanique à l'IGCMO, s'étaient organisés de manière totalement autonome, pour empêcher tout accès aux deux universités, ne permettant à personne d'y accéder. Face à ce blocus, les employés administratifs et quelques rares enseignants attendaient qu'une solution se dessine au plus tôt, leur permettant de rejoindre leur poste de travail, et non sans râler sur cette fâcheuse habitude "de fermer" l'université. Mais pour les étudiants contestataires, ce recours au blocage de l'université s'est imposé par dépit. "Nous avons protesté depuis des semaines au niveau de nos facultés respectives sans rien voir venir, aujourd'hui donc nous n'avons pas d'autre choix", explique très calmement un étudiant de 3e année en informatique. Et pour cause, ces étudiants viennent, en majorité, de réaliser amèrement que le système LMD introduit depuis quelques années en Algérie, est "une voie de garage", selon l'expression utilisée par nombre de nos interlocuteurs sur place. Ainsi, les étudiants entendent dénoncer le fait que les licences LMD (informatique, génie électrique) ne sont pas reconnues par la Fonction publique et surtout le mastère d'architecture non reconnu par l'ordre des architectes laissant sans aucun avenir des milliers de diplômés à l'échelle nationale. D'autres revendications autour du système LMD viennent, du coup, se greffer sur ce mouvement de protestation, à savoir l'impossibilité pour des centaines d'étudiants de pouvoir s'inscrire en mastère "faute de place", et donc avec une simple licence la seule perspective qui reste est "le chômage" . "Pourquoi nous avoir imposé le LMD et après nous dire qu'il n'y a pas de moyens. Ce sont eux qui ont voulu le LMD (le gouvernement ndlr) , qu'ils assument ce choix. Nous voulons des diplômes reconnus et le droit de poursuivre des études", lâchent avec colère les étudiants. L'imbroglio est plus grand pour les diplômés d'architecture mastère 2 qui ont vu l'ordre des architectes ne pas reconnaître ce diplôme en question et donc l'impossibilité pour eux de prêter serment et d'exercer ensuite en qualité d'architecte, après 18 mois de stage. Le chargé de la communication de l'Usto, que nous avons joint par téléphone, expliquera que l'administration est face à un problème qui n'est pas de son ressort, ajoutant que le ministère a été informé de cette situation. Mais non sans glisser encore au passage que le diplôme d'architecture est un diplôme d'Etat. Plus grave, à l'heure actuelle il est bon de signaler qu'au sein de l'ordre des architectes des scissions sont apparues accroissant le malaise et l'incompréhension des étudiants. Par ailleurs, que ce soit à l'IGCMO ou l'Usto, la contestation touche aussi l'application de la réglementation concernant le rachat et le nombre d'années de redoublement autorisé. Des dispositions réglementaires qui, selon les étudiants, n'ont pas été appliquées de manière identique d'année en année, avec parfois des erreurs qui auraient été commises par les jurys. En fin de matinée, alors que le blocus des deux campus se poursuivait sous le regard de quelques agents de police, l'apparition du syndicat des étudiants Unea à l'Usto, n'est pas passée inaperçue. Ces derniers tentent même de se poser en intermédiaires pour dialoguer avec le rectorat non sans glisser au passage sur la liste des revendications, le cas de 5 des leurs qui doivent passer en conseil de discipline. Mais les étudiants en grève refuseront tout en affirmant qu'ils ont leurs propres délégués. D. L.