Le processus démocratique est sur le point de prendre fin en Tunisie où sitôt les résultats préliminaires des législatives proclamés, les Tunisiens sont appelés à se rendre, encore une fois, aux urnes pour élire cette fois-ci le président de la République. 27 candidats ont entamé samedi une campagne électorale de trois semaines, avant le scrutin prévu pour le dimanche 23 novembre. En parcourant la liste des candidats, l'électeur se verra en face de nombreux inconnus, si l'on excepte cinq anciens ministres ayant exercé avec Bourguiba et Ben Ali ou des figures politiques de l'opposition telles que Néjib Chebbi, Mustapha Ben Jaâfar et Hamma Hammami. Parmi les anciens du néo-Destour de Bourguiba et du RCD de Ben Ali, on retrouve Béji Caïd Essebsi, Kamel Morjène, Kamel Nabli, Hammouda Ben Slama, Mondher Zénaïdi et Abderrahim Zouari qui avaient, tous, occupé des postes ministériels sous Bourguiba et, surtout, sous Ben Ali. Les autres candidats viennent de se tremper dans la politique à la faveur de la révolution de janvier 2011 telle Mme Kalthoum Kennou (juge). Quid des chances de chacun ? Si l'on se fie aux résultats des législatives, Béji Caïd Essebsi, qui a le vent en poupe, semble sans concurrent. Y aura-t-il un lien organique entre les deux scrutins ? C'est, du moins, le souhait de Nida Tounès qui a parrainé la candidature de son patron. Celui-ci peut bénéficier de la dynamique de victoire qu'a connue son parti aux législatives, d'autant plus que sa machine électorale, loin d'être grippée, fonctionne actuellement à merveille. Des outsiders ? Selon les observateurs, l'économiste, à l'expérience internationale consommée, Mustapha Kamel Nabli, ou Hammouda Ben Slama (médecin) seraient en mesure de lui disputer le fauteuil présidentiel si, par hasard, le parti islamiste Ennahdha qui n'a pas de candidats se décidait à leur accorder son soutien. En tout état de cause, tout indique que Caïd Essebsi sera au deuxième tour, s'il n'obtient pas la majorité dès le premier tour. Qui serait l'autre finaliste ? Tout se jouera à l'aune du soutien du parti islamiste et des alliances à nouer par les divers protagonistes. Les plus malheureux seraient l'actuel président Moncef Marzouki et le président de l'ANC sortante, Mustapha Ben Jaâfar, dont les partis, respectivement, le CPR et Ettakattol viennent d'être laminés au cours des législatives. Que fait le président de la République ? Le mode politique choisi par l'Assemblée nationale constituante (ANC) sortante a bien limité les prérogatives du chef de l'Etat en comparaison avec celles très étendues du chef du gouvernement. Selon les termes de la Constitution, le président de la République sera le garant de l'unité nationale et chef suprême des forces armées et n'a droit de regard que sur les ministères de la Défense nationale et des Affaires étrangères. Par ailleurs, malgré l'interdiction de retrait des candidatures, M. Abderrahim Zouari a annoncé qu'il ne participerait pas à la course vers Carthage. L'Isie, violera-t-elle la loi électorale pour valider ce retrait ? De son côté, Hachemi Hamedi, propriétaire de la chaîne de télévision émettant à partir de Londres Al Moustakilla, s'est rétracté après avoir annoncé son retrait. Celui-ci a regagné Tunis après un exil durant de longues années en Grande-Bretagne pour mener sa campagne électorale. Quant aux résultats définitifs des législatives, ils seront proclamés le 23 novembre. En attendant, le tribunal administratif aura à statuer sur les recours que lui ont fait parvenir les mécontents des résultats préliminaires. M. K.