A quatre jours du scrutin présidentiel, le duel s'intensifie entre le président provisoire en exercice, Moncef Marzouki, et le favori en puissance de cette joute électorale, Béji Caïd Essebsi, dont le camp espère gagner dès le premier tour l Qu'en est-il ? Tunis De notre correspondant La bipolarisation Caïd Essebsi-Marzouki s'accentue dans ce premier tour de l'élection présidentielle en Tunisie. Le président-candidat n'est certes pas donné favori. Mais, ce n'est pas, pour autant, acquis qu'il n'y aura pas de deuxième tour. La multiplication du nombre de candidatures a fait que l'obtention des 50% fatidiques n'est pas chose facile. En effet, 23 candidats restent en lice après le désistement de quatre postulants, à savoir Mohamed Al Hamedi, Abderrahim Zouari, Noureddine Hached et Mustapha Kamel Nabli. Lesquels désistements n'influent pas sur les prévisions globales du scrutin, avec Béji Caïd Essebsi, en tête, suivi à une distance respectable par Moncef Marzouki. Le président de l'Union patriotique libre, Slim Riahi, arriverait en troisième place, loin derrière Marzouki, alors que le dirigeant du Front populaire, Hamma Hammami, clôturerait ce quatuor avec moins de 5% des voix. Les autres candidats n'obtiendraient que des scores inférieurs à la marge d'erreur. Après un début de campagne tranquille, où le candidat de Nidaa Tounes et ancien Premier ministre de la transition, Béji Caïd Essebsi, s'était limité à tenir un meeting au mausolée du leader historique, Habib Bourguiba, à Monastir, le 2 novembre, la machine électorale du Nidaa s'est remise en mode turbo, avec de grands meetings, tenus samedi à Tunis et avant-hier à Béja. Deux autres meetings sont prévus à Kasserine, aujourd'hui, et à Sfax demain. Plusieurs milliers de personnes sont au rendez-vous à chaque sortie du président de Nidaa Tounes, qui a clairement le vent en poupe. Ennahdha derrière Marzouki En face, Moncef Marzouki ne réunit certes pas autant de monde, mais il bénéficie du soutien des militants de base du mouvement Ennahdha qui essaient de barrer la route à une deuxième victoire de Nidaa Tounes, malgré le fait que la direction des islamistes ne se soit prononcée pour aucun candidat. Par ailleurs, l'ancien chef de gouvernement et dirigeant d'Ennahdha, Hamadi Jebali, a appelé, sur sa page officielle facebook, à voter pour un candidat en dehors du parti vainqueur aux élections législatives, ce qui veut dire, contre Béji Caïd Essebsi. Une telle annonce va certes à l'encontre de la position officielle d'Ennahdha, mais Jebali n'est pas à sa première sortie des rangs. Il avait, à un certain moment, cherché à se porter candidat à l'élection présidentielle et c'est la direction d'Ennahdha qui lui a barré la route. Avec le soutien d'une large frange des militants d'Ennahdha, des populistes de tous bords, Moncef Marzouki a encore des chances réelles pour passer au deuxième tour, cela sauf si le candidat favori, Béji Caïd Essebsi, fait carton plein. Entre-temps, la tension ne cesse de monter entre les deux bords : celui de Nidaa Tounes, d'un côté, et celui d'Ennahdha, de l'autre. Marzouki n'ayant pas de présence propre sur le terrain. Ainsi, des bagarres ont éclaté, avant-hier à El Alia, (45 km au nord de Tunis), entre les sympathisants des deux grands partis, sans que l'on enregistre toutefois de conséquences déplorables. Il est à souligner que de tels actes ne s'étaient pas produits lors de la campagne des législatives. Une telle tension reflète une nervosité dans le camp de la troïka face à l'euphorie dans le camp de Nidaa Tounes. «La Tunisie a plus que jamais besoin de sérénité pour redémarrer», pense toutefois le politologue Slaheddine Jourchi, à l'image de tous les observateurs, qui croient fermement à la réussite de la transition démocratique en Tunisie.