Tunis De notre correspondant Alors qu'ils n'étaient que 27 candidats à s'être présentés durant les 14 premiers jours du délai légal de dépôt des candidatures pour l'élection présidentielle en Tunisie, 46 autres ont présenté leurs dossiers, avant-hier, au dernier jour, atteignant ainsi un record de 73 postulants à la magistrature suprême. Plusieurs noms connus de la scène politique sont dans la course pour le palais de Carthage, à commencer par son actuel locataire, le président Moncef Marzouki. Le président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar, est également candidat, ainsi que le Premier ministre de transition, Béji Caïd Essebsi. Le porte-parole du Front populaire et dirigeant historique de l'opposition d'extrême-gauche, Hamma Hammami, a fini par déposer sa candidature après des hésitations. Les anciens ministres de Ben Ali, Kamel Morjane, Abderrahim Zouari et Mondher Zenaïdi, font partie de cette longue liste, tout comme l'ex-gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli. Du côté de l'opposition au sein de l'Assemblée, plusieurs dirigeants se sont présentés, à l'instar d'Ahmed Nejib Chebbi, le leader du parti Al Joumhouri et opposant actif sous les règnes de Ben Ali et Bourguiba, Mohamed Al Hamedi, président du parti Ettahalof, une branche dissidente d'Al Joumhouri, Abderraouf Ayadi, président du parti Wafa (fidélité à la révolution), une des branches dissidentes du Congrès pour la République fondé par le président Marzouki. Il y a également des magistrats (Kalthoum Kennou, Habib Zammali), des hommes d'affaires (Slim Riahi, Arbi Nasra, Mohamed Frikha, Fares Mabrouk, Mohamed Nizar Tazni, etc.), ainsi que des intellectuels (Safi Saïd, Zied Al Hani). Position d'Ennahdha Les islamistes d'Ennahdha n'ont pas présenté de candidat. Ils ont proposé aux autres partis de s'entendre sur un président consensuel pour éviter la pression sur la présidence de la République. Toutefois, leurs députés ont accordé leur parrainage à deux candidats. D'une part, maître Abderrazek Kilani, ancien ministre des Droits de l'homme du gouvernement Hamadi Jebali (la troïka I) et d'autre part, le docteur Hamouda Benslama, fondateur de la Ligue des droits de l'homme et ancien ministre de Ben Ali. Autre nom à relever : celui de l'homme d'affaires, Mohamed Frikha, tête de liste d'Ennahdha dans la circonscription de Sfax 2 pour les élections législatives. Vu que la loi électorale n'interdit pas de se porter candidat aux deux scrutins, Frikha s'est également présenté en tant que candidat indépendant à la présidentielle. Les éléments d'Ennahdha disent ne pas le soutenir dans l'élection présidentielle. Mais les observateurs y voient le double jeu habituel des islamistes. La multiplicité des candidatures est due aux conditions souples posées par la loi électorale, se limitant à une caution de 10 000 dinars tunisiens (4500 euros) et les parrainages de 10 000 électeurs répartis sur un minimum de dix circonscriptions électorales, avec au moins 500 parrainages par région. La Tunisie compte 27 circonscriptions à l'intérieur du pays et six à l'étranger. La majorité des candidats est passée via les parrainages citoyens. Mais d'autres candidats sont passés par une autre alternative, proposée par la loi électorale : le parrainage de dix membres de l'Assemblée nationale constituante. Les électeurs éprouveront des difficultés face au bulletin de vote en raison de ce nombre important de candidats.