Mis en veilleuse durant quelques mois, le bras de fer au sein du FLN refait, encore une fois, surface. L'approche du congrès, prévu au premier trimestre 2015, a relancé la crise au sein du parti du Front de libération nationale. D'un côté, Amar Saâdani, actuel secrétaire général, et de l'autre, le groupe de Belayat qui conteste la légitimité de la direction. Le congrès est, donc, une aubaine aux deux ailes de l'ex-parti unique. Qui pour consolider sa légitimité, qui pour destituer l'actuel SG. Mais au rythme où vont les événements, le FLN peut se retrouver avec, au moins, deux commissions de préparation du congrès et probablement avec deux congrès. Dès lors que le congrès reste l'unique voie de salut pour les deux parties, le jeu des coulisses semble bel et bien commencé au sein du FLN pour renverser le rapport de force avant le jour "j". L'équipe de Belayat revient à la charge et tente de déstabiliser Saâdani avant la tenue du congrès. Pour ce faire, Abderrahmane Belayat informe que les préparatifs du congrès échoient à son équipe. "Nous allons nous-mêmes préparer les amendements des statuts, le programme politique, la politique générale et la commission de sélection des congressistes", fait-il savoir dans une déclaration à Liberté. Si Belayat, dont les éléments de l'équipe sont d'abord membres du comité central, il n'en demeure pas moins que les proches de Saâdani y figurent aussi en bonne place. Saâd Bouhadja, chargé de la communication au sein du parti et proche de Saâdani, ne compte pas barrer la route aux adversaires du SG, mais "ils seront conviés comme les autres membres du CC aux réunions de la commission nationale de préparation du congrès". M. Bouhadja précise, quant à l'engagement des adversaires de Saâdani à accaparer les préparatifs du congrès pour l'affaiblir avant l'heure, que "c'est une chose impossible". "Ils ne sont pas les seuls à préparer le congrès", a-t-il expliqué, en indiquant que même si "le parti se retrouve avec deux commissions et deux congrès", l'administration "ne pourra reconnaître que les légitimes". "Nous aurons donc un congrès légitime", et un autre "illégitime", résume-t-il, en s'interrogeant "sur les motivations des contestataires" qui n'ont pas tenu, a-t-il souligné, "une réunion du comité central durant huit mois". De l'autre côté, l'équipe des contestataires drivée par Belayat pense que "Saâdani est une imposture", donc illégitime, au regard des statuts qui régissent le parti. "Il est venu à la tête du FLN pour 3 raisons", accusent-ils. La première, estime M. Belayat, "est de présenter Bouteflika comme candidat du FLN". Sur ce point, les contestataires de Saâdani n'en voient rien d'autre qu'une manière "d'enfoncer une porte ouverte". "Qui oserait dire non à la candidature de Bouteflika qui est d'abord président d'honneur du parti ?", répliquent-ils à Saâdani, en considérant que cette mission "est chose facile". Belayat ajoute que la seconde mission de Saâdani est de "s'en prendre, sans précaution, et d'une façon probablement dictée, au DRS". L'objectif de Saâdani, précise Belayat, "est de discréditer les Services qu'ils soupçonnent d'être contre la réélection de Bouteflika à un 4e mandat". "Il a rendu service aux ennemis extérieurs de l'Algérie", a encore accusé Belayat. La troisième mission du SG du FLN est "de déstabiliser et de troubler le fonctionnement du parti", d'où, estime encore Belayat, "la manière avec laquelle il s'est substitué au conseil de discipline". Quant aux nouveaux mouhafadhs créés et installés, Belayat accuse vertement Saâdani de vouloir "obliger" le gouvernement "à créer 100 wilayas". Il l'accuse aussi d'avancer des arguments "qui ne tiennent pas la route", car un découpage administratif "est une chose très sérieuse". Il l'accuse, par ailleurs, d'avoir installé à la tête de certaines mouhafadate "des militants qui étaient contre le réélection de Bouteflika". Véritable baromètre du système politique algérien, le FLN s'est inscrit de tout temps dans cette spirale, où de grosses pointures se livrent des guerres de leadership par groupes interposés au sein de l'appareil. M. M.