Après deux actions de protestation et des escarmouches entre militants, le FLN va vivre, samedi, une nouvelle épreuve. Amar Saadani, de retour d'une longue éclipse qui l'a mené à Paris, a convoqué les secrétaires des mouhafadhas pour une réunion «organique». Une réunion des mouhafadhs peut effectivement être «ordinaire». Mais la situation au sein du vieux parti est tellement explosive qu'un rendez-vous organique peut se transformer, rapidement, en scène de pugilat. Surtout qu'une bonne partie des responsables locaux convoqués sont contestés par la base militante et des députés du parti. C'est le cas de Amar Boudjema, député de Batna. Lui qui était, il n'y a pas longtemps, secrétaire de la mouhafadha de sa ville, a perdu toute responsabilité locale. «Officiellement, personne n'a mis fin à mes fonctions», dit-il. Mais il y a quelques semaines, un autre responsable a été nommé à sa place, alors que la wilaya de Batna est divisée désormais en trois mouhafadhas. Le parlementaire, qui ne sait toujours pas s'il ira rencontrer Saadani ce samedi, indique d'ores et déjà que «celui qui ne respecte pas la réglementation ne peut pas la faire appliquer». «La désignation est illégitime. La réunion est donc illégale», fulmine, quant à lui, Messaoud Aloubache, député de Sétif : «Saadani a fait de mauvais choix. Le militantisme est désormais remplacé par l'argent.» Ce dernier admet pourtant que ce n'est pas la première fois que des responsables locaux sont choisis selon le seul critère de l'argent. «Les hommes d'affaires ont toujours existé dans les structures du parti, mais ils ont rarement eu accès aux responsabilités. Or, aujourd'hui, ce sont eux qui ont pris les postes sensibles au sein du parti», ajoute notre interlocuteur. Messaoud Aloubache reproche à Saadani de ne pas avoir consulté le comité central lorsqu'il a décidé de désigner de nouvelles mouhafadhas. Pis, ajoute-t-il, même «lorsqu'il a rencontré le FFS, il n'a consulté personne. Donc tout ce qu'il fait est illégal». Avenir incertain Du côté de la direction, on évoque une simple réunion organique. «C'est la première réunion après l'installation des nouvelles structures locales. Il s'agit de leur donner des instructions pour la période à venir et la distribution des cartes de militant», indique Saïd Bouhadja, chargé de la communication au bureau politique. Bouhadja admet néanmoins, avec sa légendaire quiétude, que des problèmes existent autour de la désignation des responsables locaux : «Il n'y a pas de problème à la base, chez les militants. Il y a par contre des contestations de certains députés qui n'ont pas été désignés mouhafadhs. Or, nous avons décidé de mettre fin au cumul des mandats.» En plus des députés, d'anciens contestataires ont refait surface. Abderrahmane Belayat, ancien coordinateur du bureau politique, est monté au créneau ces derniers jours pour interpeller le chef de l'Etat. «Je demande au président du parti d'intervenir afin de mettre fin aux fonctions de Saadani», comme secrétaire général, a déclaré Belayat dans les colonnes du journal El Khabar. Ses partisans et d'autres membres du comité central ont organisé, la semaine dernière, deux sit-in pour réclamer le départ du secrétaire général. Dans une sortie médiatique, Amar Saadani a accusé, publiquement, Abdelaziz Belkhadem d'être derrière ces actions de déstabilisation ; il reproche à son prédécesseur de se préparer pour une éventuelle élection présidentielle. Pendant ce temps, l'actuelle direction du FLN prépare un congrès qui se déroulera au premier trimestre de l'année prochaine. Ce rendez-vous organique est le plus incertain de ces 15 dernières années.Car, en plus de la remise en cause de Amar Saadani, aucune figure importante ne se distingue parmi les actuels responsables du FLN. Se dirige-t-on vers le retour de Belkhadem ? Saadani sera-t-il adoubé ? Ira-t-on vers un troisième homme qui sera choisi, comme toujours, par le pouvoir ?