La commémoration de la Journée mondiale de lutte contre la pneumonie a été mise à profit, hier, par des médecins spécialistes de la Société algérienne de microbiologie clinique (Samic) et de la Société algérienne de pédiatrie (SAP) pour interpeller de nouveau les pouvoirs publics sur l'urgence de l'actualisation du calendrier national des vaccins. Ce dernier n'a pas été révisé depuis 2008, date marquant l'introduction du vaccin contre l'haemophilus. Le pneumocoque continue à faire des victimes parmi les Algériens, notamment chez les enfants de moins de 5 ans. La situation chiffrée présentée, hier à Alger, sur la pneumonie de l'enfant fait froid dans le dos. Le taux de mortalité avoisine les 26 sur 1 000 en Algérie pour cause de pneumocoque, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande depuis 2009 de réduire le taux à 20 sur 1 000, en intégrant le vaccin contre le pneumocoque dans le programme national de vaccination. Le docteur Kaddache du CHU de Blida a rappelé que son établissement a enregistré, ces quatre dernières années, quatre personnes décédées des suites d'une méningite, sur 34 enfants atteints d'infection invasive à pneumocoque. "Il est inadmissible que l'Algérie de 2014 continue d'enregistrer des cas de méningite." Selon la revue scientifique anglaise The Lancet, plus de 3 100 enfants de moins de 5 ans sont décédés en Algérie en 2010 des suites d'une pneumonie. Il faut savoir, à ce titre, que le pneumocoque est l'agent microbien principal de la méningite bactérienne et de la pneumonie. Le pneumocoque, si l'on n'est pas vacciné, entraîne la méningite. Ses conséquences sont mortelles. Selon l'OMS, le pneumocoque est la principale cause de décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde. Pour Mme Leïla Smati, professeur en pédiatrie, "ces chiffres plaident pour l'actualisation du programme national de vaccination. Il faut élaborer et renforcer des stratégies de lutte contre les maladies infectieuses. La généralisation du vaccin contre la pneumocoque assurera une immunisation contre des maladies dont les conséquences seront lourdes, aussi bien pour l'Etat que pour les familles des malades". Lors des débats, les participants ont relevé une aberration dans la répartition budgétaire au niveau du ministère de la Santé : "Le budget consacré à la prévention est identique à celui alloué à l'acquisition des sirops, qui est de 50 millions de dollars, alors que la priorité devrait être donnée à la prévention. Il y a un problème de choix et de priorité." Enfin, les spécialistes se sont interrogés sur le sort réservé aux propositions émises par le Comité national de vaccination installé en juin 2013 et adressées au ministère de la Santé. H. H.