Quatre personnalités ont pour l'instant été choisies par civils et armée comme candidats au poste de président de la transition du Burkina Faso, un président qui dirigera le pays jusqu'aux élections prévues fin 2015. Aucun timing précis n'est fixé pour la nomination du futur chef intérimaire - qui sera un civil - mais elle doit intervenir rapidement au sein d'un collège de 23 membres où les civils sont majoritaires. Il s'agit de Mgr Paul Ouédraogo, l'archevêque de Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, suscite l'adhésion générale. L'armée pour l'instant au pouvoir, l'opposition et la société civile l'ont placé dans leur "short list", malgré les réticences de la hiérarchie catholique. Le président de le Commission épiscopale Burkina-Niger, au visage rond orné de lunettes, n'est pourtant pas candidat. "Je ne l'envisage pas. Ce genre de pouvoir, le clerc ne s'y engage pas", avait-il tranché en début de semaine au micro de Radio France internationale. Mais l'opposition et la société civile justifient leur choix par la possibilité d'une dérogation venant du Vatican, qu'elles espèrent obtenir en faisant pression, par leur consensus, sur les autorités catholiques. L'autre candidat est Cherif Sy, un journaliste. Fils d'un ancien général, Cherif Sy, le cheveu poivre et sel, a été engagé politiquement dans un parti se réclamant du dirigeant révolutionnaire Thomas Sankara, qu'il connaissait personnellement. L'ex-président du Burkina Faso, sorte de "Che" burkinabè, a été renversé par Blaise Compaoré en 1987. Il a péri lors du coup d'Etat. Le troisième postulant est également journaliste. Il s'agit de Newton Ahmed Barry, ancien présentateur vedette de la télévision publique burkinabè, qui s'est distingué en démissionnant avec fracas après l'assassinat de Norbert Zongo, un journaliste tué en 1998 alors qu'il enquêtait sur la mort du chauffeur de François Compaoré, le frère de l'ex-chef de l'Etat. M. Barry a créé un hebdomadaire également très critique vis-à-vis de Blaise Compaoré, l'Evènement, dont il est le rédacteur en chef depuis 2001. En août dernier, il avait publié une "note d'alerte" affirmant que "de graves menaces" pesaient sur sa vie du fait de son statut de "journaliste d'investigation placé dans le collimateur du régime Compaoré". Outre Mgr Ouédraogo, l'armée burkinabée défend la candidature de Joséphine Ouédraogo, sociologue, et ex-ministre de l'Essor familial et de la Solidarité sous Thomas Sankara de 1984 à 1987. Mme Ouédraogo, qui a quitté le Burkina à la chute de Thomas Sankara, a occupé ensuite des postes de direction au sein de la Commission économique africaine, un organe onusien, puis de l'ONG Enda tiers-monde à Dakar. Cette femme très respectée en Afrique a toutefois le défaut d'être mal connue dans son propre pays, où elle est rentrée en 2012 pour travailler dans un cabinet conseil. R. I./Agences