L'Algérie, comme d'autres économies fondées sur les ressources naturelles, n'a pas, à ce jour, été en mesure d'utiliser la richesse des hydrocarbures pour créer les conditions propices à une croissance et à un développement économique soutenus et plus rapides. Malgré une situation macroéconomique des plus enviables qui se maintient grâce aux politiques macroéconomiques prudentielles et à une gestion jusque-là raisonnable des revenus du pétrole et du gaz, la croissance économique reste, en effet, faible, volatile et évince les secteurs productifs. Le pays ne parvient pas à mettre en place les politiques adéquates pour transformer sa richesse financière en levier de croissance durable pouvant le mettre dans une trajectoire d'émergence. C'est du moins ce que relève un rapport de l'Institut national d'études de stratégie globale (Inesg), qui apporte "des éléments de réflexion et d'orientation sur la politique industrielle et le développement du territoire algérien dans un contexte de mutations permanentes de l'environnement international". Le document relève que le produit intérieur brut a augmenté de 2,6% en 2011, puis de 3% en 2012 et 3,1% en 2013. "Cette évolution a été, certes, portée par l'économie hors hydrocarbures, cependant, impulsée par le niveau élevé des investissements publics", tempère le document. Ces politiques expansionnistes ont entraîné, non seulement, une augmentation de l'inflation, dont le taux est passé de 4,5% en 2011 à 8,9% en 2012, mais également un plus grand déficit public qui a atteint 6% en 2012 contre 1,7% en 2011. "Même si le déficit a été moindre pour 2013, la hausse exceptionnelle des dépenses de l'Etat prévue dans le cadre de l'exercice, reflétant la première phase du plan quinquennal 2015-2019 prévoit une baisse graduelle de l'épargne cumulée de l'Etat de 5% en 2014 et de 16% en 2015", prévoit le document. Ce dernier constate également que l'économie algérienne est restée prisonnière dans la trappe de la vieille division internationale du travail : produits manufacturés contre produits du sous-sol. Moins de 5% du commerce extérieur algérien relève de l'intra branche alors que ce taux est de plus de 80% dans certains pays de la rive du sud de la Méditerranée. L'Inesg reconnaît que "l'Algérie a fait des progrès notables dans ses politiques de soutien au secteur hors hydrocarbures". Mais, affirme le rapport, "en dépit d'une allocation budgétaire très importante et de programmes de soutien nombreux, ces mesures demeurent sans effets notables sur la production, maintenant le secteur économique dans des activités sans grande valeur ajoutée". Pour l'Inesg, "l'abondance de ressources financières ne règle pas les distorsions relatives aux facteurs structurels liés à l'environnement opérationnel qui reste d'une rigidité absolue". Pour lever ces contraintes, selon l'Inesg, l'Algérie devra d'abord s'atteler à améliorer la cohérence et l'efficacité de ses politiques, avant d'élargir davantage le champ d'application de ses instruments de politiques et l'allocation de ressources supplémentaires. Le document estime que le temps est venu de mettre en œuvre une politique industrielle intégrée en apportant de la cohérence entre les politiques industrielles et les politiques économiques afin d'être en phase avec les changements structurels qui caractérisent l'évolution des économies modernes et de préparer les entreprises au changement de régime de croissance. "Une autre vision du développement industriel est nécessaire. Le développement industriel ne peut plus être appréhendé exclusivement par les logiques verticales, de branches, de sections productives, d'intégration de filières industrielles. La concentration spatiale sur une même aire géographique d'entreprises complémentaires (clients et fournisseurs), d'institutions publiques ou privées (recherche, enseignement) afin de créer des effets de réseaux et des externalités positives donnant à l'activité des avantages compétitifs dans la concurrence mondiale est, aujourd'hui, à promouvoir". C'est le premier message du rapport. Le deuxième message est que "le renouveau de la politique industrielle passe par l'optimisation des actions publiques, c'est-à-dire par un certain nombre de chantiers, entre autres, une meilleure efficacité des politiques publiques, une plus grande coordination et une meilleure cohérence entre les politiques à portée nationale et celles de dimension locale". M. R.