La République du Mali a pris pendant ces dernières années des mesures importantes pour instaurer le multipartisme politique, l'Etat de droit et un système économique orienté vers le marché. Ainsi, l'Etat dirigiste a-t-il progressivement fait place à un Etat dont le rôle économique a été redéfini et centré sur le développement de mécanismes de marché, permettant l'allocation efficace des ressources, le maintien des équilibres macroéconomiques et la réduction de la pauvreté de masse. Le gouvernement du Mali a intensifié les réformes qui ont porté notamment sur l'adoption, non sans difficultés, du programme de privatisation des entreprises publiques, la dévaluation du Franc CFA en 1994, de l'adhésion aux critères de convergence (des politiques économiques) de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africain (UEMOA) et de l'introduction des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Après une évaluation de la mise en œuvre de la première génération du CSLP (2002-2006), le Gouvernement a adopté, pour la période 2007-2011, le document du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP), qui ambitionne d'atteindre un taux de croissance moyen annuel de 7 %, en vue de réduire la pauvreté et d'accélérer les progrès vers la réalisation des OMD. Cette ambition est réaffirmée dans le Projet de Développement Economique et Social (PDES) du Président de la République , qui est l'expression de la volonté et de l'engagement politique d'opérationnaliser le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté. Pour atteindre cet objectif de croissance, le Gouvernement entend faire du Mali une puissance agro-pastorale à travers : l'augmentation et la diversification de la production agricole ; la promotion de la gestion rationnelle des ressources naturelles ; le développement de la planification de la gestion durable du secteur ; le développement des infrastructures pour assurer le désenclavement des zones de production ; l'organisation des filières et le développement des aménagements hydro-agricoles. L'ensemble de ces mesures sont consignées dans un document intitulé : " Investir dans l'agriculture pour une croissance durable et soutenue sur la période 2008-2012 ", la mise en œuvre de cette stratégie se fera en adéquation avec la préservation des équilibres macroéconomiques, la modernisation de la gestion des finances publiques et l'accélération des réformes structurelles nécessaires à la consolidation de la croissance économique. Performances macroéconomiques récentes Au cours de la période récente, le Mali a mis en œuvre, avec l'appui des Partenaires techniques et financiers (PTF), une série de programmes de réformes qui a permis : de réaliser un taux de croissance moyen de 5 % ; de contenir l'inflation à moins de 3 % et de faire des progrès dans l'assainissement des finances publiques. Ces résultats lui ont permis d'atteindre le point d'achèvement de l' Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en 2003 et de bénéficier de l'Initiative d'annulation de la dette multilatérale (IADM) en 2006. La croissance économique observée après la dévaluation reflète le dynamisme du secteur secondaire tiré par les mines et celui du secteur tertiaire impulsé par les services, notamment le commerce, les télécommunications et les services financiers. Néanmoins, le secteur primaire reste la première composante de l'économie malienne, plus de 40 % du PIB, malgré le ralentissement de sa croissance. Mesures nécessaires à l'accélération de la croissance Le Mali ambitionne dans un scénario volontariste d'atteindre un taux moyen de croissance de 7 % sur la période 2008-2012, avec pour objectif de produire davantage afin de distribuer équitablement les fruits de cette croissance, puis d'investir dans l'avenir et moderniser la société. L'objectif de la croissance économique de 7 % pour la période 2008-2012, tout en assurant le maintien de la stabilité macroéconomique et la poursuite des réformes structurelles, s'appuie sur : l'amélioration de la gouvernance et le renouveau de l'action publique ; le développement des secteurs productifs notamment l'agriculture ; la poursuite du programme d'expansion des infrastructures de base ; le développement du secteur privé et l'accroissement de l'investissement dans les ressources humaines. L'objectif de cette croissance sera atteint grâce à la relance des investissements publics et privés et à l'amélioration de l'efficacité économique. Les politiques mises en œuvre viseront à relever le taux des investissements publics financés sur des ressources internes rapportées aux recettes fiscales de 21,4 % en 2006 à 23,5 % en 2012. Le gouvernement compte orienter les investissements publics vers la réduction des contraintes au développement du secteur privé et améliorer ainsi le système d'in citation des investissements privés. Cela pour renforcer la tendance de la période 2002-2006, marquée par d'énormes flux d'investissements publics et privés liés essentiellement à la construction de mines d'or, au développement de la téléphonie mobile, aux grands projets routiers, aux programmes immobiliers et aux programmes d'aménagement hydro-agricoles. Les domaines de concentration des investissements publics concerneront prioritairement le développement rural et les infrastructures de base. Ainsi, la contribution des facteurs à la croissance sera portée à 4,5 %. L'amélioration de la productivité des facteurs qui atteindra un niveau de 2,5 %, grâce à la mise en œuvre des réformes structurelles et la poursuite d'une politique budgétaire saine et efficace ainsi que le développement des services et de l'environnement des affaires, constituera un élément essentiel de la stratégie de croissance. Le facteur travail bénéficiera d'une attention particulière à travers la poursuite de la politique d'éducation et de formation professionnelle. Cadre macroéconomique et la politique budgétaire Le gouvernement s'est engagé à maintenir les grands équilibres macroéconomiques et à continuer sa politique budgétaire prudentielle. La gestion macroéconomique sera renforcée à travers un mécanisme de suivi régulier des réformes et un schéma de suivi rapproché de la mise en œuvre du CSCRP. La mise en œuvre du Schéma Directeur Statistique (SDS) s'est accélérée pour mieux asseoir le pilotage des politiques économiques et sociales par l'amélioration des normes et des productions des st artistiques courantes, la réalisation des enquêtes agricoles et d'autres enquêtes socio-économiques, le recensement général de la population et le développement institutionnel statistique indispensable pour attirer et retenir les cadres compétents. L'accent a été mis sur la coordination économique dans le but d'approfondir les discussions sur la conjoncture et d'assurer l'exécution et le suivi, dans les délais, des mesures inscrites au Plan d'action 2008-2012. Cela ira de pair avec la volonté d'un renforcement des capacités institutionnelles et d'une plus grande responsabilisation des acteurs. Le renouveau de l'action publique au service de la croissance et du développement Dans ce cadre, l'accent a été mis sur la nécessité de mieux organiser l'action publique pour soutenir efficacement les autres composantes du PDES. Il s'agit donc de disposer d'un Etat fort, d'une administration efficace, d'une justice assainie et des collectivités locales au service du citoyen. La bonne gouvernance, dont la lutte contre la corruption constitue la principale composante, est une priorité pour le gouvernement. Le Mali a adhéré au Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs (MAEP) en 2003. Le gouvernement s'est engagé à élaborer un rapport d'auto-évaluation ainsi qu'un plan national d'actions avec la participation de l'ensemble des acteurs de la société sur les composantes de la gouvernance politique et démocratique ; la gouvernance socio-économique ; la gouvernance des entreprises et la gestion économique. Les mesures d'amélioration de la gouvernance vont porter essentiellement sur la restauration de l'autorité et le sens de la responsabilité au sein des services publics ; la culture du mérite, de la récompense et de la sanction etc. Les réformes structurelles Conscient que les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des réformes structurelles ont constitué un obstacle à l'accélération de la croissance, le gouvernement du Mali s'est donné une nouvelle impulsion dans l'exécution de ces réformes. Ainsi, la réforme du secteur financier est poursuivie pour élargir la gamme de produits financiers, la surveillance des banques et des institutions de micro-crédit redynamisée afin de réduire les risques fiduciaires. Le développement des secteurs productifs Le développement du secteur agricole : Le développement du potentiel agro-pastoral, vecteur d'une croissance plus forte et d'une sécurité alimentaire est la priorité du gouvernement dans sa stratégie de croissance accélérée. La loi d'orientation agricole vise l'affectation de 20 % du budget national par an au secteur rural. L'objectif est d'amener l'agriculture malienne à une production de 10 millions de tonnes/an de céréales à l'horizon 2012 pour faire ce pays une puissance agricole, le taux de croissance annuel visé du secteur primaire devant atteindre 7,8 % sur la période 2008-2012. En outre le renchérissement des prix des produits alimentaires confirme la pertinence de la priorité accordée au développement de l'agro-pastorale du pays. Pour accroître la production et améliorer les rendements, la loi d'orientation agricole, adoptée au mois d'août 2006, traduit la volonté de l'ensemble des partenaires du secteur de passer d'une agriculture de subsistance à une agriculture intensive et diversifiée capable de satisfaire les besoins croissants du pays, et tournée vers la conquête des marchés sous-régionaux et internationaux. Le gouvernement accorde une attention particulière au secteur minier en raison de la baisse prévisible de la production de l'or. Dans ce cadre, la recherche s'est intensifiée et l'exploitation d'autres minerais et la promotion des PME minières, d'une part, et la recherche pétrolière, d'autre part. Par ailleurs, les potentiels de croissance des secteurs du tourisme, de l'artisanat et de la culture ont été valorisés, notamment à travers un meilleur accompagnement des acteurs et la réalisation d'infrastructures adéquates. Le développement du secteur privé Le secteur privé est considéré au Mali comme le principal vecteur de la croissance. Les actions du gouvernement ont visé une amélioration du cadre juridique et réglementaire des affaires (relecture du code de travail, fonctionnement des tribunaux de commerce et la chambre d'arbitrage, simplification et harmonisation des documents de transit pour le commerce international, réduction des frais de mutation de la propriété). La mise en œuvre d'une charte des PME et d'une stratégie de leur promotion a facilité la création des entreprises. La création de l'Agence de développement et des exportations a facilité l'accès aux marchés extérieurs. En effet, le Mali offre aujourd'hui un environnement attractif, propice aux investissements privés. Il a clairement opté pour la promotion d'une économie de marché, basée sur un système commercial ouvert avec une intervention limitée des pouvoirs publics dans les secteurs de production. Ce choix des autorités maliennes constitue une réponse aux changements actuels vers l'intégration sous-régionale et régionale, et prend en compte les impératifs de la mondialisation des économies. Les effets des réformes économiques et politiques, mises en œuvre, se sont traduits par une reprise de la croissance économique et une amélioration du climat des investissements. Les investisseurs étrangers bénéficient des mêmes privilèges que les investisseurs nationaux. Le droit au transfert des capitaux et de leurs revenus est garanti aux personnes physiques et morales qui effectuent au Mali un investissement financé par un apport en devises. Selon ces dispositions, les entreprises maliennes ont le droit, sous réserve du respect de la réglementation en matière de change, de transfert dans la devise cédée au moment de la constitution desdits investissements, des dividendes, produits de toute autre nature des capitaux investis, les produits de la liquidation ou de la réalisation de leurs avoirs et des salaires.