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Algérie-UE : Benyounès "découvre" les inconvénients de l'accord d'association Il évoque les promesses manquées de la coopération entre les deux parties
L'Union européenne n'est pas en odeur de sainteté, ces derniers temps, avec le gouvernement algérien. Le sentiment s'est plus exacerbé avec l'intérêt manifeste que la Commission européenne a porté à l'actualité politique algérienne. Le ministre du Commerce, Amara Benyounès, est venu, à la suite du patron du Front de libération nationale (FLN), Amara Saâdani, amplifier le chorus de voix qui ont décoché des critiques à une Union européenne accusée tantôt d'ingérences politiques et tantôt de saborder la bonne entente économique avec l'Algérie. En atteste cette sortie du ministre du Commerce qui, dans une interview à la revue du Parlement européen, The Parliament Magazine, a évoqué des facteurs externes "décourageants" et "freinant" les exportations algériennes. Celles hors hydrocarbures, s'entend. Amara Benyounès s'est plaint de ce que l'accord d'association Algérie-Union européenne, relancé en 2001 et mis en œuvre en 2005, a manqué à ses promesses, n'ayant pas atteint, a estimé le ministre du Commerce, l'effet escompté, à savoir la promotion des exportations hors hydrocarbures et l'encouragement des investissements directs étrangers (IDE). La charge est inaccoutumée de la part d'un membre du gouvernement algérien qui a habitué à un effort de tact et de finesse s'agissant des commentaires visant l'institution européenne. Le ministre du Commerce, qui, au demeurant, se rend à un constat que d'aucuns peuvent aisément établir, a déploré que l'accord d'association, une décennie après, "n'a pas eu l'effort escompté, celui de promouvoir les exportations hors hydrocarbures et d'attirer les investissements directs étrangers (IDE), qui constituent pour l'Algérie deux objectifs motivant la conclusion de tout accord de libre échange". À cet effet, Amara Benyounès a relevé un déséquilibre structurel notable de la balance commerciale hors hydrocarbures en faveur de l'UE. En même temps, devait-il encore noter, il n'y a pas eu le rush des IDE attendu surtout dans l'industrie et l'agroalimentaire. Le bilan chiffré livré par le ministre du Commerce, à l'occasion de cet entretien, est on ne peut plus indicatif du déséquilibre de la balance commerciale, l'Union européenne accaparant une part de marché équivalente à 52% des importations algériennes. À titre d'illustration, Amara Benyounès atteste qu'en 2013, l'Algérie a importé auprès de l'UE pour 28,5 milliards de dollars et exporté pour 42,7 milliards de dollars. Quant aux exportations hors hydrocarbures, dont le montant est passé de 552 millions de dollars en 2005 à 1,5 milliard de dollars en 2013, elles sont constituées essentiellement des produits dérivés des mines et de l'énergie. Même s'il admet que ce déséquilibre est dû à des facteurs internes liés à l'offre, le ministre du Commerce ne manque pas d'y voir également des freins externes aux exportations algériennes. Ces freins, selon Benyounès, se confinent dans, entre autres, les techniques de plus en plus exigeantes et difficilement maîtrisables par les opérateurs économiques algériens. Avec ses déclarations, le ministre du Commerce aligne le gouvernement sur la position de toujours de Louisa Hanoune relativement à l'accord d'association. La patronne du Parti des travailleurs a, de tout temps, décrié l'accord en question, estimant, comme de juste, qu'au plan économique, il profite plus à l'UE qu'à l'Algérie. Mais ce qui gênait en vérité dans l'accord d'association, ce sont les chapitres relatifs aux droits de l'Homme et à la démocratie. L'UE a dénoncé la loi algérienne sur les associations votée en 2012. L'UE s'est intéressée, la semaine dernière, au projet politique de l'opposition algérienne. D'où, certainement, la levée de boucliers impliquant un membre du gouvernement. S A I