Quelle que soit la générosité d'un plan de développement et quels qu'en soient ses contours, il n'est viable à l'évidence que dans la mesure où il tient compte des besoins précis et réels de la population. Créé par décret du 2 octobre 2002, un comité national de la population, se fixe comme objectif la collecte et l'analyse des informations et des données relatives à cette population, et donc à sa croissance démographique, la promotion des activités d'information et de communication et la consolidation d'une banque de données. Le même décret a créé en outre des comités de même type, mais à l'échelle de wilaya où siègent en principe le DDS, des élus, des directeurs d'exécutif et des représentants de la société civile tels que les universitaires. Après un premier séminaire à Alger, le complexe des Andalouses à Oran a permis hier aux responsables du ministère de la Santé d'écouter les comités des wilayas de l'Ouest et surtout de prendre en compte leurs suggestions et leurs propositions afin de réajuster, mieux, de déglobaliser la politique nationale de la population. Bref, il s'agira pour les promoteurs du comité national de “descendre” vers l'Algérie d'en bas pour être plus près des réalités, et donc des tendances et des indicateurs qui ne sont pas les mêmes selon les régions, voire les wilayas. Grâce au dernier recensement national de 1999, le quatrième du genre, nous avons à peu près correctement, aujourd'hui, un tableau de bord de notre population qui est estimée à plus de 32 000 000 d'individus. Nous savons, par exemple, que jusqu'à la moitié du siècle dernier, le taux de croissance démographique oscillait entre 0,5 et 0,6%, que le taux des naissances à partir de 1970 s'est carrément emballé avec des pointes de 20%, et qu'à partir de 1980 le taux de mortalité a sensiblement fléchi et qu'il a même dégringolé. On assiste depuis ces vingt dernières années à un net recul de la nuptialité de près de quatre ans. L'accès aux soins, à la santé, à l'emploi a fait, par ailleurs, que les couples aujourd'hui dépassent rarement deux enfants au lieu de quatre pour les générations précédentes. L'utilisation des différentes méthodes contraceptives y est pour beaucoup. On constate également que certaines régions, l'Algérois en l'occurrence, sont à la veille de changer de génération et — fait majeur depuis ces cinquante dernières années — notre population, dont l'espérance de vie sera repoussée à 75 ans en 2010, vieillit considérablement. En 1966 par exemple, 57,4% des Algériens avaient moins de 20 ans, en 2002 43% seulement. Pour être concret, nous totalisons deux millions de vieillards dans notre pays. Pour la même période de référence, c'est-à-dire 1966, les enfants de moins de 5 ans totalisaient 19% de la population, en 2 000, ils ne sont plus que 9%. Mais au-delà de ces chiffres et de ces statistiques, nous ne retiendrons que cette citation roumaine : “La meilleure pilule c'est le développement”, parce qu'il faudrait faire en sorte que la population soit une richesse et non un frein. M. M.