Les sanctions à huis clos prises à l'encontre de certains clubs professionnels des Ligues 1 et 2, par la commission de discipline de la LFP, ne font pas l'unanimité chez les présidents de club qui dénoncent cette mesure extrême les pénalisant pécuniairement, du fait que non seulement ils n'enregistrent aucune entrée, mais les amendes infligées par la LFP sont souvent élevées et créent un déséquilibre dans le budget de fonctionnement, comme le soulignent certains présidents qui exigent carrément de revoir cette sanction afin de ne pas instaurer cette culture du vide qui se généralise de plus en plus et commence réellement à inquiéter les principaux acteurs du football. Liberté a pris langue avec certains présidents de club pour connaître leur avis et opinion sur cette sanction de huis clos. Ainsi, pour le président du CSC, le huis clos est d'abord une sanction contre le club avant d'être contre les supporters. "J'ai comme l'impression que bientôt toutes nos rencontres se joueront à huis clos, on assiste chaque journée à deux matchs à huis clos. C'est le spectacle qui risque de disparaître de nos stades, à ce rythme-là, il y a réel danger sur la pratique de cette discipline", estime Omar Bentobal, qui ajoute que "la sanction pénalise d'abord le club financièrement, ensuite le supporter qui sera privé du spectacle de l'équipe qu'il aime et supporte. Je pense que ce n'est pas une bonne solution que de sanctionner les clubs au huis clos, il faut trouver d'autres mesures pour ne pas pénaliser tout le monde. On fait des investissements au début de chaque saison, si on s'amuse à jouer à huis clos, les sponsors vont se retirer, même le niveau technique des matchs baissera, car les joueurs ne seront pas motivés de jouer devant des gradins vides. Il ne faut pas sanctionner la majorité à cause d'une minorité. Des fois un petit groupe d'opposition, même si parfois, je ne crois pas trop à l'opposition, lance des fumigènes dans l'enceinte pour d'autres considérations qui n'ont rien à voir avec la rencontre, on se retrouve sanctionné bêtement. Je lance un appel pressant à MM. Raouraoua et Kerbadj, afin qu'ils se penchent sérieusement sur cette situation qui risque de tuer le football." Yahi : "Oui, je suis pour le huis clos ! » Par ailleurs, le très controversé président de l'Union sportive chaouia (USC) estime que cette sanction est salutaire pour le football afin que les supporters revoient leur comportement. "Je suis pour cette sanction du huis clos, j'irai encore plus loin, il faut plus de rigueur pour l'appliquer, Allah ghaleb, le comportement de certains supporters nous oblige parfois à encourager les sanctions des matchs à huis clos, comme ça ils vont sentir mieux leur absence sur le terrain. Figurez-vous qu'on était obligé il y a un mois à jouer le match CRBAF/USC à huis clos. Je me suis mis d'accord avec le président de Aïn Fakroun pour jouer cette rencontre sans public, tout s'est très bien déroulé, on n'a pas enregistré le moindre incident. Le lendemain de cette rencontre, des supporters sont venus me voir pour me dire qu'ils ne vont plus porter atteinte au club, ils ont senti qu'ils avaient exagéré. J'aurais bien souhaité voir la réaction du public après la défaite du MCA face à l'USMA qui s'est joué à huis clos au stade de Bologhine. Le comportement négatif des supporters nous oblige à encourager ces sanctions, alors qu'on devrait les dénoncer. Du moment que les recettes sont vraiment insignifiantes, mieux vaut jouer sans public et éviter d'éventuels incidents qui peuvent parfois engendrer des blessures graves aux personnes. Figurez-vous que lors du match contre le CABBA chez moi à Oum El-Bouaghi, la LFP m'a infligé une amende de 80 000 DA à cause d'un jet de fumigène, alors que la recette de ce match n'a pas dépassé 30 000 DA. J'ai dû débourser en plus 50 000 DA pour payer l'amende, voici la réalité que les gestionnaires de notre football doivent savoir. Je préconise par ailleurs la suppression ou l'allègement des amendes, car cela nous a beaucoup pénalisés. En conclusion, tant que les supporters ne changeront pas leur comportement sur le terrain, j'encourage la sanction du huis clos." Hamar : "Le huis clos tuera le football" De son côté, le président de l'ESS préconise d'autres alternatives pour sauver les clubs d'une asphyxie à cause du huis clos. "Le huis clos risque de tuer le football. Lorsque des grands matchs se jouent devant des gradins vides, c'est le football qui en pâtira, car un match de foot est fait pour être joué devant un public et pas le contraire, mais chez nous, c'est devenu à la mode : après une trêve de cette sanction, soudain on assiste à un retour en force des matchs à huis clos, on a joué une demi-finale de Ligue des champions à huis clos, je sais ce que cela veut dire", nous dira Hacen Hamar qui estime que la recette ne peut même pas couvrir la confection de la billetterie. "La recette des stades chez nous est insignifiante, tous les clubs sont déficitaires, on n'arrive pas à équilibrer nos dépenses à cause de ça. A Sétif, malgré la forte présence de supporters, croyez- moi que les entrées sont insignifiantes, elle ne couvrent parfois même pas la confection des billets qui nous revient trop cher, donc avec ou sans public, il n'y a pas un grand changement en matière de recettes. La seule chose qui m'inquiète reste le niveau technique des rencontres, car les joueurs n'ont pas cette motivation sur le terrain lorsqu'ils jouent à huis clos. Il faut trouver à mon avis d'autres sanctions plus appropriées pour ne pénaliser aucune partie." Pour sa part, le président de section du NAHD évoque un menace sur le niveau technique. "Cela fait plus d'une année qu'on n'a pas touché le moindre sou de nos recettes au stade du 20-Août, chaque fois qu'on les réclame on nous invente des trucs qui ne nous ont jamais convaincus, donc jouer avec ou sans public, c'est la même chose pour nous", affirme Kamel Saoudi. R. A.