D'ici 5 ans, le phénomène de remontée des eaux à El-Oued, un véritable cauchemar pour les Soufis, ne serait qu'un mauvais souvenir. Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, est plus que jamais décidé à en finir avec ce phénomène dont l'apparition remonte à 1972. Aussi de gros moyens ont-ils été mis pour mener à bon port cet immense chantier. Une enveloppe de plus de 22 milliards de dinars a été dégagée. L'annonce en a été faite par M. Sellal lors de sa visite d'inspection, mercredi et jeudi derniers, dans cette wilaya. L'appel d'offres national et international sera lancé en ce mois de décembre. Le coût de l'étude du projet, faite par le bureau d'étude oranais, Hydro-Projet-Ouest (HPO) en collaboration avec un bureau conseil suisse, est de 20 milliards de centimes. Ce grand projet se démembre en 35 autres projets. Un cahier des charges très rigoureux sera imposé, précisera le ministre des Ressources en eau, au groupe d'entreprises qui décrochera le magot. Flanqué des cadres de son ministère, M. Sellal a sillonné El-Oued en inspectant nombre de projets déjà lancés. Mercredi soir déjà, à peine arrivée à l'aéroport de Touggourt, la délégation s'est rendue dare-dare à localité de Aïn Choucha. M. Sellal a reçu l'avancée des travaux dans le canal de Oued Righ. Le ministre a insisté sur le curage et l'entretien permanent du canal de Oued Righ, long de 115 km ainsi que des canaux secondaires. Ces canaux n'ont pas subi de travaux d'entretien depuis les années 1980. Pour ce faire, des moyens financiers sont accordés à l'Office des périmètres d'irrigation de Oued Righ (Opior) pour l'acquisition d'un équipement adéquat. Le lendemain, jeudi, M. Sellal s'est rendu dans plusieurs localités ou quartiers de la wilaya d'El-Oued (El- Bayadha, El-Oued, cité Sidi Mestour, Taksebt, Bekounine, Guemmar…) pour inspecter nombre de projets. À El-Bayadha, M. Sellal a visité un château d'eau en chantier et inspecté les travaux de remblaiement des ghotts. Ces dépressions sont pour beaucoup dans ce phénomène. Un spécialiste a dénombré quelque 2 000 ghotts. Pour l'instant quelque 600 ont été recouverts. Le danger pour la ville d'El-Oud est écarté. Il se pose toutefois le problème de la rapidité d'exécution du remblaiement comme l'a signifié au ministre, le directeur de l'hydraulique de la wilaya d'El-Oued, M. Iftini Tahar. Décision de l'interdiction de construire dans les périmètres remblayés est prise par les autorités. Il y aussi le problème des eaux usées qui sont pour beaucoup dans ce phénomène de remontée. Seuls 13% de la population de la wilaya sont raccordés au réseau d'assainissement. Aussi El-Oued compte quelque 60 000 fausses sceptiques. Aussi dans le grand projet sont prévus 4 stations d'épuration rattachées à un collecteur principal qui déverse, ensuite, l'eau vers un exutoire à plusieurs kilomètres du chef-lieu de wilaya. L'idéal pour M. Bekkouche, directeur général de l'Office national de l'assainissement (ONA), est que cette eau n'arrive pas à l'exutoire et qu'elle soit réutilisée par les agriculteurs dans l'irrigation. L'autre facteur aggravant du phénomène est les fuites dans les canalisations de l'eau potable. Aussi le projet, qui sera lancé dans les quelques mois à venir, prend en charge la rénovation des réseaux d'AEP. Ceci dit, la qualité de l'eau laisse à désirer. Elle est très chargée, chaude et est derrière l'entartrage des canalisations. Aux cadres locaux qui lui ont soumis le problème, Abdelmalek Sellal a fait savoir que son département est en négociations avec les Japonais pour l'installation de 2 stations de déminéralisation, l'une à El-Oued et l'autre à Touggourt. Pour absorber un tant soit peu ces eaux qui remontent, il est aussi prévu dans le projet un drainage vertical avec la mise en place d'une soixantaine de forages. En sus de la ceinture verte. À ce titre, le wali d'El-Oued, M. Hattab, a parlé de l'implantation en 2004 de 1 million de plants d'oliviers, de 1,3 million de palmiers et de 300 plants d'eucalyptus. Il faut savoir que ce phénomène a causé la perte de plus de 1 million de palmiers. C'est dire que ce grand projet prend en charge tous les éléments contribuant à ce phénomène. Aussi, M. Bekhouche, ingénieur travaillant pour le compte du bureau suisse, a toutes les raisons de dire que “c'est pour la première fois qu'une étude globale est faite dans le Sud algérien”. Il n'a pas aussi cessé de ressasser que ce projet s'inscrit dans “la problématique du développement durable”. Ceci dit, le ministre des Ressources en eau a beaucoup insisté sur la nécessité du strict respect du délai de réalisation de cet immense projet. Il a même émis le vœu qu'il soit finalisé dans à peine 4 ans pour qu'avant 2009 la remontée des eaux ne soit plus une réalité palpable pour la population d'El-Oued. A. C.