L'Etat compte en finir avec le problème de l'eau dans le pays dans une vingtaine d'années. Seuls 9,5 % de la population algérienne est alimentée en eau potable sans interruption. C'est ce qu'a révélé Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, invité hier du forum d'El-Moudjahid. Le ministre a indiqué que 60 % des Algériens reçoivent le précieux liquide quotidiennement sur une plage horaire variant de 12 à 16 heures. Le reste, c'est-à-dire 30,5%, sont alimentés une fois tous les deux jours ou plus. Cet état de fait, qui renseigne sur l'immense travail qui reste à abattre pour parvenir à une situation «normalisée» de la distribution de l'eau en Algérie, semble prise très au sérieux par le département d'Abdelmalek Sellal qui a consenti d'énormes investissements, ces dernières années, aux fins de garantir une notable amélioration de ce service public. A ce propos, le premier responsable du département des ressources en eau annonce des objectifs précis à l'horizon 2025. Ainsi, selon les propos du ministre, l'effort déjà consenti par l'Etat contribuera, dès 2009, à une couverture permanente en matière de ressources hydriques à quelque 20% de la population, alors que 60% bénéficieront d'une distribution quotidienne allant jusqu'à 16 heures par jour. En 2025, outre que la disponibilité du liquide sera autrement plus intéressante, les prévisions du ministère font état d'un taux de raccordement aux réseaux d'AEP de l'ordre de 95% de l'ensemble de la collectivité nationale. Ce qui représentera une population de plus de 45 millions de personnes. Quant au raccordement aux réseaux d'assainissement qui est actuellement situé autour de 75%, il sera étalé à 90% des Algériens. C'est dire donc que l'Etat compte en finir définitivement avec le problème de l'eau dans le pays dans une vingtaine d'années. Ces résultats que le ministère de Sellal espère concrétiser, sont basés sur une stratégie de développement du secteur qui englobe en gros cinq axes prioritaires qui vont de «la mobilisation des ressources conventionnelles et non conventionnelles», à faire de l'eau «un bien économique à valeur marchande», en passant par «la réorganisation des établissements de gestion» et «le recours au dessalement d'eau de mer». Un effort a nécessité un investissement de près de 604 milliards de DA entre 2000 et 2004. Et il est question, insiste le ministre, que l'effort financier se poursuive sur les cinq prochaines années. Cela hors opérations dessalement d'eau de mer qui, à terme, alimentera la population à hauteur de 365 millions de m3 en 2009, révèlera Abdelmalek Sellal. De cette stratégie, l'on retiendra plusieurs actions lancées l'année dernière, dont 8 nouvelles stations d'épuration, d'une capacité totale de 71 millions de m3, l'équivalent de l'alimentation en eau d'un million d'habitants. 12 stations d'épuration des eaux usées sont également prévues, en sus de nombreux projets structurants, dont les plus ambitieux consistent en la réalisation de 4 barrages qui augmenteront les capacités nationales de stockage de 237 millions de m3. Cela en plus de «l'achèvement de 2 grandes études d'assainissement de la vallée de Oued Souf et de Ouargla contre la remontée des eaux et leur lancement en travaux». Pour 2005, la dynamique est censée se poursuivre puisque le ministre annonce «le lancement effectif de 3 barrages,14 nouvelles stations d'épuration», en sus d'une multitude d'autres réalisations en termes de transfert d'eau et autres destinés à augmenter les surfaces agricoles irrigables, à l'image de l'ambitieux projet destiné à la plaine de la Mitidja qui bénéficiera d'un barrage implanté à Douéra. Le ministre insistera également, dans le cadre de la stratégie élaborée pour améliorer la situation hydrique dans le pays, sur l'importance de moderniser la gestion de cette ressource, à travers le partenariat et le transfert des technologies. A cet effet, le ministre a révélé la finalisation de négociation avec l'entreprise française Suez, pour un partenariat avec l'ADE, pour la remise à niveau et la gestion du réseau AEP d'Alger. L'objectif est de rationaliser l'utilisation de l'eau en réduisant les pertes occasionnées par les fuites dans le réseau et le phénomène du piratage. Enfin, le ministre s'est engagé à régler définitivement le problème de la pollution du barrage de Beni-Haroun et la fin des travaux du barrage de Tichy Haf à Béjaïa en 2007.