L'Etat semble plus que jamais décidé à en finir avec la remontée des eaux dans la wilaya de Ouargla. Pour ce faire, le ministère des Ressources en eau a fait sortir l'artillerie lourde en consacrant une enveloppe avoisinant les 20 milliards de dinars. Il y va de la santé publique et de la préservation des palmeraies de la région. Bravant les grosses chaleurs de l'été, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, a effectué, mardi et mercredi derniers, une visite d'inspection dans cette wilaya du Sud pour s'enquérir de l'avancement des projets engagés dans ce domaine. Le point d'orgue de la première journée a été incontestablement le lancement des travaux du projet d'assainissement et la lutte contre la remontée des eaux dans la cuvette de Ouargla. Un immense projet de 17 milliards de dinars dont l'objectif est d'éviter que les eaux usées de 5 communes (Ouargla, Aïn Beïda, Rouissat, Sidi Khouiled et N'goussa) ne polluent la nappe phréatique. Surtout que le réseau d'assainissement de la ville de Ouargla est très mal fait. Ce grand projet sera lancé en octobre prochain et sera achevé dans 36 mois et non dans 5 ans tel que prévu initialement par l'étude effectuée par un bureau d'études suisse. “C'est un projet extrêmement lourd et extrêmement difficile à réaliser sur le terrain, mais qui nous permettra d'assainir définitivement Ouargla et de régler une fois pour toutes le problème de la remontée des eaux”, a affirmé M. Sellal. Le gros morceau de ce projet titanesque scindé en deux tranches est revenu aux Allemands de Dywidag. L'autre petite partie sera assurée par l'entreprise libanaise Butec qui a à son actif la réalisation des réseaux d'assainissement de plusieurs villes arabes. Ayant confiance en le savoir-faire allemand, M. Sellal s'est dit ne pas nourrir la moindre crainte quant à l'aboutissement du projet. Un projet qui permettra la création de 2 000 emplois dont 350 permanents dans le seul domaine de la gestion de ce système. Une gestion qui sera assurée, trois ans durant, par l'entreprise réalisatrice, c'est-à-dire Dywidag, mais secondée par une unité spécifique — elle comprendra l'office national de l'assainissement et celui du drainage — qui sera créé spécialement. À la date-butoir, le flambeau sera passé au vis-à-vis algérien. Durant la même journée de mardi, M. Sellal s'est rendu dans la commune de Mekhadma où un chantier de réalisation du collecteur principal d'eaux usées est engagé. L'objectif consigné à ce projet est l'assainissement de cette localité de 30 000 habitants, l'éradication des fosses septiques et l'interruption de la remontée des eaux de la nappe phréatique. Divisé en 3 lots, il connaît un taux moyen d'avancement ne dépassant pas 37%. Il est en butte à des contraintes liées à l'instabilité du terrain, à la présence de la nappe et au problème d'approvisionnement en conduites en ciment armé précontraint et en ciment résistant au sulfate. M. Sellal a averti le patron de l'entreprise des travaux publics de bâtiment et hydraulique — c'est elle qui réalise le premier lot — que tout doit être réceptionné d'ici la fin de l'année. Tout comme il lui a recommandé d'entrer en partenariat avec les Allemands qui réaliseront la deuxième phase. Mercredi, M. Sellal a été l'hôte de Touggourt en visitant son complexe hydraulique. Il s'est enquis du projet de réalisation d'une station de dessalement d'eau, du renouvellement des équipements de la station de pompage du complexe et des travaux de réhabilitation de la station d'épuration dans la commune de Tbesbest. Réalisée en 1987 et équipée en 1989, cette station permet l'épuration de 9 360 m3/jour. Mais qu'elle ne fut la stupeur de M. Sellal en apprenant, de la bouche d'un responsable local, que l'eau épurée est tout bonnement déversée dans… l'oued. “Cessez le massacre ! D'ici la fin de l'année, je ne veux pas qu'une seule goutte soit perdue. Il faut réutiliser l'eau épurée dans l'agriculture tel que décidé par le président de la République”, s'est-il écrié en invitant les cadres locaux de son secteur à plus de rigueur. Etant donné que cette station ne reçoit pas toutes les eaux usées de Touggourt, le ministre s'est interrogé sur la possibilité de son extension. Autre “effrayante” découverte : la boue asséchée provenant des eaux épurées, soit 3 600 m3/mois, est cédée gratis aux agriculteurs. L'après-midi, la délégation ministérielle s'est rendue à Hassi-Messaoud pour inaugurer deux châteaux d'eau d'une capacité de 1 000 m3 chacun. A. C.