La première usine de production de logements préfabriqués sera opérationnelle dès la fin du premier trimestre 2015. La pose de la première pierre pour une nouvelle ère de l'industrialisation du bâtiment vient d'être accomplie par le ministère de tutelle en Algérie. Suite à l'avis d'appel national et international à manifestation d'intérêt général lancé il y a quelques mois, le ministère a reçu jusque-là 35 dossiers de souscripteurs qui ont affiché leur volonté de réaliser des usines dans différentes régions du pays. Ces investisseurs sont, à ce propos, tenus de définir le procédé de réalisation choisi, leur capacité annuelle de production du logement et de créer des centres de formation au profit des jeunes. Le dossier technique, qui doit contenir les diverses composantes de l'usine projetée, le système et les étapes de production, le mode de fabrication par rapport à la sismicité, la nature des matériaux, l'assemblage et la fixation..., sera étudié par le Centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment (Cnerib) qui émettra un avis dans ce sens. Les divers procédés retenus sont la fabrication totale ou partielle en béton armé, la préfabrication de charpentes métalliques en profilé et laminé à chaud ou formé à froid, ainsi que la préfabrication de bloc en béton de terre stabilisée. Automatisés ou semi-automatisés sont les deux types d'usines proposés. Le Cnerib a, pour le moment, validé 4 avis techniques. Le centre a approuvé donc 4 dossiers alors que 8 autres sont en cours d'étude. Parmi ces sociétés qui se sont manifestées, l'on dénombre 4 turques, 4 chinoises et 6 étrangères, à savoir une espagnole, une française, une australienne, une indienne, une indonésienne et une saoudienne. Huit autres sont des entreprises algéro-étrangères. La production moyenne de ces opérateurs est de 5 100 logements/an/société. Une entreprise turque s'est, quant à elle, engagée à réaliser 10 000 unités/an. La superficie moyenne demandée pour l'implantation de ces usines est estimée à 27 000 m2. Le coût moyen de chaque investissement est de l'ordre de 2 milliards de dinars. La mise en œuvre du projet ne doit pas dépasser un délai moyen de 5 mois à compter de la date de la finalisation des procédures techniques et administratives. Chacun de ces investisseurs s'engage à employer entre 100 et 600 ouvriers selon la typologie du procédé constructif choisi. Les projets seront concrétisés, tient à souligner Mohamed Habib Zehana, directeur général de la construction et des moyens de réalisation au ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, conformément aux dispositions du code de l'investissement, notamment l'exigence d'un partenaire algérien public ou privé, la règle 49/51%. Un comité composé d'experts, de DG, d'anciens cadres du secteur... a été installé. Il aura à visualiser ces usines, leurs process de production, le système de construction, du point de vue technologique. Vers une production moyenne de 5 100 logements/an/société Les PME, indique M. Zehana, bénéficieront naturellement de programmes de logements qui serviront d'appoint pour résorber le déficit en production annuelle de logements. Il soutient, mordicus, que l'"aspect architectural de ces futures cités va primer sur le volet industriel tout en tenant compte des données socioculturelles de nos villes". Ce sont des modèles de logement, explique le DG, adaptables à l'architecture locale, aux familles algériennes, aux équipements publics et aux zones sismiques et climatiques... Des matériaux nouveaux et légers seront également utilisés. L'isolation thermique et acoustique sera aussi intégrée. Economie d'énergie et développement durable sont, entre autres, les questions qui seront prises en considération dans ce vaste projet de préfabrication qui doit démarrer, estime M. Zehana, d'"un dessin d'architecte et non à partir d'un catalogue industriel". Les usines, qui seront édifiées, prendront en charge, par ailleurs, les prescriptions techniques des différents types, notamment le logement public locatif (LPL), la location-vente et le logement public promotionnel (LPP) suivant un cahier des charges auquel doivent se conformer les industriels postulants. Ce responsable affirme que le préfabriqué, qui va drainer d'autres industries avec lui, telles que l'électricité, la boiserie, le PVC..., mettra à niveau et modernisera les entreprises qui produisent les corps d'état secondaires (CES). L'industrialisation du bâtiment, ajoute-t-il, réduira davantage les délais de réalisation pour les situer entre 18 et 21 mois, et améliorera l'esthétique des cités qui doivent être désormais intégrées, c'est-à-dire disposer de tous les équipements publics, les infrastructures nécessaires, les espaces verts... Un comité interministériel accompagnera, faut-il le préciser, les entreprises retenues dans toutes les démarches administratives ayant trait à la concrétisation de leurs investissements pour ce qui concerne le foncier industriel surtout. Interrogé sur les réserves émises par les experts quant à l'utilisation de ce procédé en termes de rentabilité et de sécurité des bâtiments face à l'activité sismique, Mohamed Habib Zehana avoue que le procédé exploité actuellement a beaucoup évolué par rapport à celui des années 1980. L'autre défi que compte relever ce responsable central au ministère se résume en cette phrase : "Nous devons acquérir cette technologie, dès la fin du quinquennat, en mettant à niveau nos entreprises par rapport à la gestion du projet." B. K.