Selon le président de cette organisation, les réticences des autorités britanniques empêchent, jusqu'à maintenant, l'extradition de l'ancien golden boy. Parmi les 140 individus de nationalité algérienne recherchés par l'Organisation internationale de la police criminelle (Interpol), figure l'ancien golden boy, Abdelmoumène Khalifa, détenteur de l'empire commercial du même nom. Il y a à peu près deux ans, les services de l'organisation sise à Lyon en France, lançaient un mandat d'arrêt international contre lui, conformément aux vœux de la justice algérienne. Localisé quelque part au Royaume-Uni, l'ex-homme d'affaires pouvait aisément être arrêté et extradé vers son pays d'origine. Or, en dépit de cette facilité d'action, les agents d'Interpol ont failli à leur mission. La cause principale réside dans le blocage de la procédure de livraison par les autorités judiciaires de sa Majesté. Au cours d'une récente conférence de presse, Ali Tounsi, directeur général de la sûreté nationale (Dgsn) a dénoncé le manque de coopération de ses homologues britanniques, surtout en raison de l'absence d'accords d'extradition entre les deux pays. Le nouveau président d'Interpol, en visite ces derniers jours en Algérie — où il a assisté à la destruction d'un lot important de mines anti-personnel à Hassi Bahbah —, a confirmé cet état de fait. Bien que moins explicite, le sud-africain, Jackie Selebi, a déploré les contingences des politiques qui, souvent, empêchent l'aboutissement de certaines affaires dont celle de Khalifa. Pour autant, le patron de la transnationale policière ne désespère pas d'infléchir la position des hôtes de Abdelmoumène. “Nous avons engagé des discussions avec les Britanniques et nous allons travaillé avec eux pour assurer que ceux qui sont au-delà des lois répondent de leurs actes”, a promis M. Jackie Selebi durant sa rencontre, jeudi, avec les journalistes au siège de l'école supérieure de la police à Châteauneuf. Visiblement, il vient juste d'être mis au courant du dossier Khalifa, sans doute en partie par le gouvernement algérien. “Je n'ai pas connaissance de ce problème”, a révélé le patron d'Interpol aux représentants des médias avant d'assurer qu'il “va le résoudre”. L'orateur s'est fixé mars 2005 (?!) comme échéance pour répondre à la demande de l'Algérie. Les exigences intra-muros concernent d'autres cas d'extradition, liés directement au terrorisme. Des personnes impliquées dans des affaires de subversion et ayant trouvé, à Londres, une tribune de choix pour lancer des appels au djihad en Algérie, figurent dans la liste d'Interpol. Selon M. Selebi, ceux-ci ont prétexté la persécution pour bénéficier du statut de réfugiés politiques. “On a eu à traiter cette question dans le passé. Auparavant, il était difficile de convaincre les pays d'asile de coopérer parce que beaucoup ne connaissaient pas le terrorisme”. Mais depuis les attentats du 11 septembre, tout le monde est prêt à apporter son aide. “Si tel ou tel Etat introduit une demande d'arrestation et d'extradition, celle-ci doit être exécutée”, soutient l'hôte de la police algérienne. Elu à la tête de l'organisation criminelle, il y a trois mois, le représentant de l'Afrique du Sud — où il était commissaire national —, promet de mettre Interpol au service de toute la communauté internationale, et non plus au service “des grandes puissances préoccupées seulement par la promotion de leurs intérêts”. Ancien compagnon de lutte du chef de l'ANC, Nelson Mandela, M. Selebi est profondément imprégné de l'idéal révolutionnaire qu'il compte appliquer à Interpol, cette organisation forte de 182 membres. Son souci primordial est de la restituer aux africains grâce à l'aide du nouveau centre continental de prévention du terrorisme. À cet égard, le plus grand soutien, selon lui, doit être apporté à l'Algérie — qui a appuyé sa candidature à la tête d'Interpol —. Notre pays — le premier visité depuis son élection —, constitue à son avis “un modèle” dont “l'expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme est riche en enseignements”. Pour sa part, l'Etat algérien semble largement inspiré par la politique de réconciliation nationale sud-africaine. À la question de savoir ce qu'il pense du projet d'amnistie générale proposé par le président de la république, M. Selebi considère que M. Bouteflika “est un homme sage qui connaît ce qu'il y a de meilleur pour son peuple”. S. L.