Les autorités algériennes ont lancé une centaine de mandats d'arrêt international contre des terroristes. Réfugiés à l'étranger, ces criminels font aujourd'hui l'objet d'une « notice rouge » délivrée par l'Organisation mondiale de police criminelle (Interpol). Ainsi, l'Algérie a demandé l'extradition d'une vingtaine de terroristes alors qu'elle a reçu, en 2008, 30 demandes d'assistance judiciaire en matière pénale pour la lutte contre le terrorisme, contre 17 en 2007 et 4 en 2006. Des demandes émanant de plusieurs pays. Toujours dans le cadre de la coopération internationale, l'Algérie a livré, ces deux dernières années, 15 individus recherchés pour plusieurs chefs d'inculpation aux autorités compétentes de leurs pays, notamment l'Espagne, l'Italie, l'Ukraine et le Maroc. La France, quant à elle, a livré aux autorités algériennes 3 individus recherchés pour diverses accusations. Mokhtar Lakhdari, directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice, a fait part hier, à l'ouverture des travaux des journées d'étude portant sur « La coopération judiciaire au titre des investigation internationales (Interpol) », des difficultés auxquelles sont confrontés plusieurs pays pour obtenir le retour d'un suspect ou d'un criminel en vue de son jugement ou de la purge de sa peine dans son pays d'origine. L'intervenant avait rappelé au préalable qu'un mandat d'arrêt international ressemble à un mandat d'arrêt ordinaire, mais appelle à l'interpellation puis l'extradition d'un criminel vers le pays demandeur. C'est là, selon lui, que toute la difficulté réside. Ainsi, la législation de certains pays, dont l'Algérie, ne permet pas d'extrader des nationaux, contrairement à ce qui est en usage en Grande-Bretagne et au Canada. A la question de savoir pourquoi la Grande-Bretagne refuse d'extrader Abdelmoumen Khalifa, comme le souhaite l'Algérie, M. Lakhdari a refusé de commenter le sujet, mais a expliqué que certains pays exigent « un dossier consistant et mènent une enquête minutieuse » avant de se prononcer sur une demande d'extradition. « La coopération internationale n'est pas une obligation », a précisé le chef du bureau d'Interpol à Alger, Abad Amine, qui a rappelé que « chaque année, des centaines de demandes d'extradition sont formulées, mais rares sont celles qui trouvent un écho favorable ». Lors d'un point de presse animé en marge des travaux de cette rencontre tenue à huis clos, M. Abad a indiqué que d'autres facteurs interviennent et rendent complexe la procédure en matière d'extradition. Le directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice n'a pas hésité, pour sa part, à souligner que « le côté politique joue un rôle important dans ce type d'affaires ». Selon lui, lorsqu'on fait une demande d'extradition, « d'autres paramètres entrent en jeu, notamment la question des droits de l'homme, sans omettre les systèmes juridiques qui diffèrent d'un Etat à un autre ». M. Lakhdari a affirmé cependant que « l'Algérie préfère la réciprocité que de recourir aux conventions », ajoutant que « quand il s'agit d'une extradition, le Royaume-Uni, avec lequel nous avons signé une convention, ainsi que d'autres Etats, exige un dossier complet et surtout des preuves palpables », car « tous les pays prennent leurs précautions avant de décider d'extrader un individu ». Sur un autre volet, M. Lakhdari, a expliqué que les mutations géopolitiques et le progrès technologique font du crime organisé « une menace pour la sécurité, la stabilité et le développement économique ». Il a rappelé, à l'occasion, la ratification par l'Algérie de plusieurs conventions régionales et internationales relatives à la lutte contre le crime organisé, dont le terrorisme et le trafic de stupéfiants. Le même responsable a salué le niveau de coopération entre les juridictions algériennes et le bureau d'Interpol en Algérie qui joue, a-t-il soutenu, un rôle important en matière de lutte contre le crime organisé. L'intervenant s'est dit satisfait de « la flexibilité » et de « l'efficacité » ayant marqué « les mécanismes de coopération qu'offre Interpol » et qui ont permis, selon lui, « de surmonter les entraves juridiques de la coopération traditionnelle ». Par ailleurs, le commissaire divisionnaire Lamara Belkacem, présent à cette rencontre, a souligné, au nom du directeur de la police judiciaire, la nécessité pour les secteurs de la justice et la police judiciaire de coordonner leurs efforts pour redynamiser leur coopération en matière de lutte contre le crime organisé. Il a également mis l'accent sur l'urgence « de définir les entraves et difficultés qui empêchent le bon déroulement de la coopération internationale, qu'il s'agisse du volet judiciaire ou opérationnel et la nécessité d'œuvrer à trouver les moyens à même de développer la coopération concernant les mandats d'arrêt, les commissions rogatoires et les demandes d'assistance judiciaire ». Cette rencontre, qui porte sur les questions ayant trait à la coopération judiciaire internationale, notamment en matière d'extradition et de mandats d'arrêt internationaux, sera sanctionnée par des recommandations et l'élaboration d'un guide opérationnel qui servira de « référence dans l'action de la police judiciaire ».