Les autorités du Royaume-Uni sont à leur seconde demande de report. Elles devaient initialement se prononcer en août dernier. De toute vraisemblance, la décision des autorités britanniques concernant l'extradition de Abdelmoumen Rafik Khelifa ne sera pas connue samedi prochain. Maître Ben Brandon, avocat de l'ex-milliardaire a révélé hier à Liberté que le gouvernement de Gordon Brown a réclamé à la justice un délai supplémentaire pour se forger une opinion définitive. Selon lui, l'Exécutif qui devait initialement faire connaître sa réponse en août dernier, est à sa seconde demande de report. “La Cour lui avait octroyé un délai jusqu'au 28 octobre et non le 24 comme annoncé par le ministre de la Justice Tayeb Belaïz, mais il souhaiterait bénéficier de plus de temps”, confie l'avocat. Ce dernier affirme que le tribunal de Westminster pourrait tenir une session spéciale ce vendredi afin d'interroger les représentants du gouvernement sur les raisons motivant leurs demandes de report successives. Tributaire de cette “sentence”, la défense de Khelifa demeure dans l'expectative. Le 24 juin dernier, aussitôt après l'annonce du verdict du juge Timothy Workman, en faveur de l'extradition de l'ancien milliardaire, Anna Rothwell, seconde avocate de Khelifa avait révélé qu'un recours sera introduit auprès de la Haute-Cour. De leur côté, les autorités algériennes comptaient sur l'avalisation rapide du verdict du tribunal de Westminster par leurs homologues britanniques pour matérialiser dans les plus brefs délais l'extradition de l'ex-golden boy. Or, trois mois après la sentence du juge Workman, le dossier n'est toujours pas clos. À cet égard, il serait intéressant de connaître les raisons pour lesquelles Londres ajourne indéfiniment sa décision et tient de ce fait, en haleine le gouvernement algérien. Le transfert de Khelifa rencontre-t-il des obstacles ? Si oui, de quelle nature sont-ils ? En d'autres circonstances, le gouvernement britannique s'est distingué par une plus grande célérité. En février dernier, immédiatement après avoir obtenu l'aval de la Haute-Cour, le Home Office, ministère de l'Intérieur, avait ordonné l'extradition vers l'Algérie de quatre terroristes présumés. Lors des auditions portant sur le transfert de Khelifa, un représentant du Foreign Office - ministère des Affaires étrangères - ayant participé a la négociation de la convention d'extradition avec le gouvernement algérien, avait indiqué que celui-ci offrait suffisamment de garanties en matière de droits de l'homme, à même de préserver l'intégrité et la sécurité des individus transférés. Dans sa sentence, le juge Workman avait abondé dans le même sens. Il avait affirmé à ce propos que la demande d'extradition introduite par l'Algérie comportait des garanties compatibles avec la Convention internationale des droits de l'Homme. Sur un autre registre, il avait considéré que la partie algérienne a fourni “des assurances diplomatiques” portant sur l'annulation du verdict d'avril 2007, prononcé par le tribunal criminel de Blida, dans l'affaire d'El Khalifa Bank et l'organisation d'un nouveau procès. S'exprimant enfin sur le contenu de l'affaire, le magistrat avait estimé qu'elle relève exclusivement du crime économique et non d'un règlement de compte politique, comme l'ex-golden boy l'avait prétendu. Il est à rappeler que les auditions sur l'extradition de Abdelmoumen Khelifa ont duré une quinzaine de mois. Elles ont débuté en mars 2008. Khelifa avait été arrêté une année plus tôt dans la capitale britannique par des éléments de la brigade financière de Scotland Yard. Depuis, il est en détention à la prison de Hollesley, près de Londres.