Condor, entreprise privée spécialisée dans l'électroménager grand public, travaille actuellement à la mise en place d'une cellule chargée des activités à l'international. Cette entité devrait être opérationnelle, début 2015, ainsi que nous le confirme le P-DG du groupe, Abdelmalek Benhamadi. Condor a l'ambition d'avoir des points de chute à l'extérieur. Il veut tenir le pari de l'exportation, mais également de l'investissement. Le groupe que dirige Abdelmalek Benhamadi a réussi à rendre exportables ses produits, tablant sur de gros carnets de commandes. Il projette ainsi d'exporter pour vingt à trente millions de dollars d'ici deux à trois ans. Les revenus en devise qu'il en tire, Condor en fera un bon attelage pour développer ses investissements à l'étranger et la nouvelle législation de la Banque d'Algérie le permet. Et première destination choisie : le Soudan, un pays qui offre de colossales opportunités à l'investissement étranger. Condor y est accueilli en ami. Son premier acte approuvé est la signature d'un protocole d'accord avec le groupe public soudanais Giad, une société présente dans l'électronique, dans le tourisme, dans l'agriculture....Condor et Giad se donneront le temps qu'il faut pour mettre en place quelque chose de solide aussi bien dans le commercial que dans l'investissement. Ainsi, il est attendu, dans un premier temps, de trouver des circuits commerciaux pour "placer les produits Condor sur le marché soudanais", explique Abdelmalek Benhamadi. Le groupe dont il a la charge veut d'abord s'assurer une implantation commerciale, en terrain étranger, comme le font la plupart des entreprises, avant de se lancer dans des activités industrielles, c'est dans l'ordre normal des choses. Dans une seconde étape, les deux partenaires vont créer une société mixte basée au Soudan, comme le précise le protocole d'accord. La mise en place de la co-entreprise sera le temps fort de cette coopération entre une entreprise privée et un groupe public soudanais. Elle marquera, en fait, le début des activités de Condor dans ce pays, nous souligne Abdelmalek Benhamadi. Et, c'est, ajoute-t-il, dans le cadre de cette société mixte qu'une ligne de montage sera installée. Cette usine en perspective va créer cent emplois au minimum au Soudan, et autant en Algérie, révèle le patron de Condor. Par ailleurs, l'implantation en projet de cette entreprise privée algérienne au Soudan, Benhamadi souhaite en faire profiter les Soudanais. Le groupe Condor prévoit, par exemple, d'alimenter en énergie solaire une cité de cent habitants au Soudan, ce n'est pas rien dans un pays qui manque de tout, ou presque. Ce projet, Condor le prendra sur lui, à titre gracieux, mais avec l'accord du gouvernement algérien. Abdelmalek Benhamadi se félicite de la nouvelle législation sur l'investissement étranger mais il regrette que cette réglementation de la Banque d'Algérie ne comporte pas tous les détails dont a besoin un chef d'entreprise qui s'intéresse à l'international. Cette loi qui permet à des opérateurs algériens d'être présents à l'étranger, n'en est pas moins confuse, par certains aspects, selon lui. Si, par exemple, dit-il, j'ai un projet d'extension, dan un pays donné, je ne sais pas comment m'y prendre, du point de vue législatif. La disposition s'y rapportant reste, il est vrai, quelque peu vague. En effet, l'investissement à l'étranger peut être "la création de société, de succursale, la prise de participation dans des sociétés existantes sous formes d'apports en numéraires ou en nature, ou encore l'ouverture de bureau de représentation", selon ce règlement. Autre handicap, les transferts de capitaux au titre de l'investissement à l'étranger par les opérateurs économique de droit algérien, quelle que soit la forme juridique qu'il peut prendre dans le pays d'accueil, sont soumis à "l'autorisation préalable" du Conseil de la monnaie et du Crédit (CMC), est-il précisé dans la réglementation de la Banque centrale. Condor est une entreprise ramifiée en sept unités de production. Elle investit cinquante millions de dollars par an, avec 30 à 40% de parts de marché (cela diffère d'un produit à l'autre) et un taux d'intégration assez élevé. Condor dégage une croissance à deux chiffres, et un chiffre d'affaires en nette augmentation (650 millions de dollars en 2013). Et le groupe se donne comme objectif d'atteindre le milliard de dollars de chiffre d'affaires dans les deux ou trois prochaines années. Y. S.