Décontenancés par la décision d'expropriation de leurs terres, les Touareg de la tribu de Tiguihnefes se sont élevés, jeudi, contre "le mutisme des autorités" locales et "la mafia du foncier qui sévit impunément" dans la commune de Tamanrasset. Plusieurs dizaines d'habitants de la cité de Tihagouine, située à quelques encablures du chef-lieu communal, se sont mobilisés pour dénoncer l'affectation d'un terrain d'une superficie de 15 hectares à "un faux promoteur" qui se dit héritier du foncier en question. "Le terrain appartient aux descendants d'Izengui, chef historique de la tribu Tiguihnefes, et non à ce parachuté de la wilaya d'Adrar. Nous avons saisi toutes les autorités compétentes pour intervenir et éviter que le problème prenne une autre tournure encore plus grave, mais aucune suite ne nous a été donnée à ce jour. Aujourd'hui, face à ce phénomène qui a pris de l'ampleur, nous nous interrogeons sur le véritable rôle de l'Etat dans ces affaires scandaleuses devenues quasi quotidiennes. À ce rythme, c'est le scénario de Touggourt qui risque de se reproduire à Tamanrasset", menacent les protestataires. Dans une lettre de doléances adressée aux plus hautes autorités du pays, les concernés ont également dénoncé "l'implication de certains responsables véreux" qui se sont arrogé le droit de concéder une parcelle de 15 hectares en plein centre-ville à un particulier inconnu qui ne dispose pas de la qualité de promoteur immobilier ni de celle d'investisseur et encore moins d'agriculteur. "Avec la complicité de hauts responsables de la wilaya de Tamanrasset, le bénéficiaire a usé de ses entrées pour obtenir une décision d'affectation illégale. Ce titre, qui a suscité beaucoup de remous, lui a été attribué alors que le terrain en question n'appartient pas au domaine public. Les riverains de cette surface se sont regroupés jeudi devant cette parcelle de terre pour alerter les pouvoirs publics et dénoncer la complicité de ces responsables bien placés qui ferment les yeux sur ces transactions scabreuses", ajoutent les mécontents, menaçant de hausser le ton si l'on demeure dans cette indifférence. Les riverains de cette localité, qui se sont joints à ceux du quartier d'El-Djazira-Inkouf qui vivent au rythme de scandales du genre, sont remontés contre l'attribution "douteuse" de certificats de possession à des personnes qui avaient déjà bénéficié de plusieurs lots de terrain, et dont l'un est cité dans plusieurs affaires. Selon les mêmes témoignages, on dilapide des terres appartenant au domaine public pour les revendre au prix fort et au détriment de l'Etat. C'est ce qui risquerait d'arriver à Tihagouine, s'inquiètent les riverains, car ledit terrain de 15 hectares est déjà morcelé en lots et ceux-ci sont mis en vente à raison de 6 000 DA/m2. La conservation foncière de la wilaya aurait validé la décision d'affectation du foncier à l'origine du litige en tenant compte de l'acte judiciaire présenté par l'intéressé. De sources bien informées, nous avons appris que le conservateur des forêts aurait "refusé de cautionner cette affaire quitte à démissionner de son poste. Malheureusement, il a fini par le faire en se soumettant à la décision du juge". R. K.