Paru aux éditions Arak, l'ouvrage de 88 pages réunit une quarantaine de poèmes écrits entre 1972 et 2014, accompagnés de huit hors-texte du peintre Djamel Merbah. Un titre, une image et des perceptions plurielles. Le décor est planté pour donner la réplique au recueil de poèmes de notre confrère Abdelmadjid Kaouah, Que pèse une vitre qu'on brise, paru récemment aux éditions algériennes Arak et dont l'illustration de couverture est réalisée par Oussama Abdeddaïm. L'ouvrage de 88 pages réunit une quarantaine de poèmes écrits entre 1972 et 2014, accompagnés de huit hors-texte du peintre Djamel Merbah. L'auteur nous livre "un peu de toutes les mémoires", nous invite "ici" à regarder du côté du "vaste bouillonnement/des foules désemparées", des "meddahs (qui) désapprennent le chant/Pour dresser des procès-verbaux", des "Enfants crucifiés/Au bord des/ routes nationales". Mais l'espoir est toujours présent, à travers les "Gerbes d'herbes rebelles", les "Paniers d'œufs magiques", les "flocons de sourires ridés". Les poèmes de cet "être fraternel", voire de ce poète "jusque dans la chair de son cœur", comme le définissait le regretté Djamal Amrani, sont, aux dires du sociologue et écrivain espagnol Jordi Estivill, "pleins de paroles, de phrases, de tournures, qui s'enracinent dans le carrefour algérien et trouvent l'écho dans la culture de ce côté-ci" (avant-propos). On y trouve en effet beaucoup de thèmes, où les drames humains dans l'Algérie contemporaine sont omniprésents, et beaucoup de rêves, où la parole est là pour chanter les "Chants funèbres pour un figuier" qui se "défait de ses fruits". Pour rappeler "le sens des mots", appris en passant par différents "chemins", en découvrant "la violence de l'amour/et les portes de la tendresse" et "la dernière halte de ta faiblesse". Pour honorer "ce soleil qui ne nous dit plus/bonjour/comme aux jours de bonté" ou le "roseau (qui) se fait kalam". Pour repenser à ce "Quelque chose (qui) a craqué", au "royaume de clins d'œil", à la "Maison livide", "dévoreuse de cœurs/tisseuse de linceuls" ou à la "maison du palmier stérile", au "soleil (qui) oscille", mais aussi aux "portes de l'exil (qui) s'ouvrent à Blagnac" et à la "rage de réinventer" à Barcelone. Sans oublier Tahar Djaout, Yahia Sénac et les "derniers amis", ainsi que Aïn Taya, l'"île" qui l'a vu naître. Le poète, parfois, nous a replongés dans l'horreur de la violence islamiste des années 1990. Et, parfois, il a "désiré les mots" et s'est même demandé "Qui pardonnera à l'autre ?", en attendant ce jour où il écrira "un long poème/sans colère ni haine". Né le 25 décembre 1950 à Aïn Taya (Alger), le poète-journaliste Abdelmadjid Kaouah consacre son mémoire de maîtrise de lettres modernes à la poésie algérienne de langue française. Il est auteur de nombreux recueils poétiques et ouvrages, dont Quand la nuit se brise, anthologie de la poésie algérienne (2012). Prix Sernet 1995 des Journées internationales de poésie de Rodez, pour La Maison livide, les poèmes de notre confrère sont traduits en anglais US, en allemand, en grec et, plus récemment, en islandais. H. A.