Le président élu de la Tunisie, Béji Caïd Essebsi, a annoncé hier à l'APS que sa première visite officielle à l'étranger sera en Algérie, affirmant que la coopération entre les deux pays va se renforcer dans l'avenir. "J'ai déjà déclaré pendant la campagne électorale que ma première visite officielle sera en Algérie. Je le confirme en tant que président", a dit M. Essebsi, en marge d'une rencontre avec des membres de son parti Nidaa Tounes, ajoutant que "les relations algéro-tunisiennes vont s'améliorer davantage dans l'avenir". Lors de son intervention, M. Essebsi a, en appelant les dirigeants de son parti Nidaa Tounes à se réunir pour discuter de la question de la formation d'un gouvernement de coalition, assuré que "Nidaa Tounes ne gouvernera pas tout seul le pays". Pour autant, M. Essebsi a exhorté l'ensemble des partis politiques tunisiens à trouver un "large consensus" au moment où les observateurs s'interrogent sur l'appartenance partisane du futur chef du gouvernement et de son équipe. Selon la Constitution, le chef du gouvernement sera issu du parti ayant remporté le premier rang au Parlement, mais les dirigeants de Nidaa Tounes ont affirmé que la porte reste ouverte à tous, ce qui laisse supposer que le chef du gouvernement pourrait venir d'un autre parti tout comme il pourrait être indépendant avec le risque "de frictions" entre les deux têtes de l'exécutif. L'ouverture de Nidaa Tounes sur l'environnement politique pourrait conduire ce dernier à consentir des concessions en faveur d'autres formations politiques ayant soutenu la candidature de Béji Caïd Essebsi lors de la campagne du 2e tour. Il s'agit notamment de Afek Tounes et de l'UPL. D'autant plus que la situation politique actuelle du pays et l'état de l'économie impliquent la formation d'un gouvernement consensuel d'union nationale, le peuple l'a dit clairement. Le vote serré aux législatives et à la présidentielle est un message clair à l'adresse des dirigeants de tous les partis. Autre message adressé par Nidaa Tounes au Front populaire, le prochain gouvernement n'englobera pas d'anciens ministres de l'ère Ben Ali. Cette position fera plaisir à Hamma Hammami, leader du Front populaire (gauche), sans pour autant lui donner entière satisfaction. Le leader de la gauche est décidé à ne pas se mettre à la même table gouvernementale que le parti islamiste. De son côté, Moncef Marzouki est intervenu, mardi soir, devant des milliers de ses sympathisants affirmant qu'il poursuivra son militantisme pour préserver la dignité du citoyen et s'opposer à toute forme de despotisme. Marzouki a félicité son adversaire et appelé ses sympathisants au calme, certainement au regard des émeutes qui se sont produites dans deux villes du Sud (Tataouine et Kébili) et dans d'autres cités de la proche banlieue de Tunis. Des accrochages y ont opposé des manifestants aux forces de police, mais sans gravité. Dans une courte allocution, il a lancé l'idée de la création d'un nouveau parti "le Mouvement du peuple des citoyens" auquel, a-t-il dit, "sont appelés à adhérer tous les Tunisiens soucieux de la défense de la dignité du citoyen, des libertés et des droits de l'homme". Cependant, il a interpellé l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) l'invitant à faire toute la lumière sur les irrégularités relevées le jour du scrutin. M. K. et APS