Le défunt Mohamed Boudiaf, l'un des fondateurs du FLN, n'avait sans doute pas tort : le parti vieillissant, patrimoine de l'Algérie, a beaucoup à gagner en rejoignant le musée de l'histoire. À voir le triste spectacle qu'offrent aujourd'hui les diverses factions qui se disputent le contrôle de l'appareil, l'on est tenté de croire à la prémonition du vieux “timonier”. Et rien, au rythme où vont les choses, n'empêchera l'inéluctabilité de la descente aux enfers du parti qui a, près d'une quarantaine d'années durant, servi de faire valoir au régime. Alors que la direction provisoire de préparation du congrès peine à réunir les conditions pour la tenue des assises notamment l'installation des commissions de wilaya, une plainte vient d'être déposée par le mouvement de redressement contre Abdelkrim Abada représentant de l'aile légale du parti. “Il y a deux jours, nous avons déposé une plainte contre Abada qui a défoncé les serrures de nos bureaux”, a indiqué hier Abdelhamid Si Affif, l'un des membres fondateurs du mouvement de redressement joint par téléphone. Un incident, selon lui, qui a eu lieu le samedi 20 octobre dernier. En dépit de la dénonciation de Abdelaziz Belkhadem, responsable principal de la direction provisoire, de ses exigences de la remise des choses “en place”, “rien n'y fit à ce jour”, explique Si Affif. “Pour nous, c'est un indu occupant et c'est une provocation”, accuse-t-il. Cette affaire portée désormais devant les tribunaux, fera aussi l'objet d'un rassemblement dont les organisateurs escomptent la mobilisation de plus d'une dizaine de milliers de militants. “Dans les prochains jours, nous organiserons un grand rassemblement pacifique devant le siège du parti à Hydra pour exiger de Abada de quitter les lieux”, ajoute notre interlocuteur. Mais au-delà de cette affaire qu'on peut qualifier “d'affaire Abada”, il y a aussi ces accusations gravissimes contre certains membres chargés notamment de la préparation du congrès. Selon Si Affif, les Abada et consorts, entendre Bouhedja et Goudjil, ne sont pas “habilités à organiser le congrès” car, accuse-t-il, “ils ont duplicaté la signature de Belkhadem pour permettre la désignation des encadreurs dont le chiffre a atteint les 250”. Initialement, Abdelaziz Belkhadem avait désigné 48 encadreurs. Cette crise au sommet n'a pas manqué de se déteindre sur la base. À titre d'exemple, à Tizi Ouzou, l'installation de la commission de préparation a encore foiré hier. Selon notre correspondant Yahia Arkat, “des parties concernées par les huitièmes assises ont brillé par leur absence en raison des menaces proférées la veille par les “redresseurs libres” de perturber la réunion que devait animer Ziari, Bouabdellah et Benouar”. Les frondeurs avaient exigé le préalable de l'inventaire du patrimoine du parti, outre qu'ils dénient aux députés locaux d'être désignés d'office. Une lutte qui cache en filigrane les ambitions des uns et des autres de figurer parmi les participants. C'est dire en définitive, qu'au regard de toutes ces données, le congrès ne s'annonce pas sous de bons auspices. “Au niveau de la base, c'est le cafouillage et le dégoût”, reconnaît Si Affif. Cependant, il serait sans doute naïf de ne pas percevoir dans cette crise qui secoue le plus vieux parti, les spasmes qui affectent le régime. K. K.