Six jours après sa mise en liberté provisoire à l'issue de six mois de détention pour diffamation, le journaliste et militant des droits de l'Homme, Hafnaoui Ghoul, a demandé la libération de Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin ainsi que Benaoum, le directeur d'Errai. La requête de Hafnaoui Ghoul rendue publique hier s'adresse au président de la République. “Je m'incline de respect devant le sourire que vous avez rendu à mes parents et à mes enfants dans un instant de désespoir, et je reconnais que ma libération ne peut avoir de prix dans un moment où ma famille souffrait pour un seul tort : celui de savoir son fils commettre le crime du verbe, convaincu que l'Algérie n'a d'autres choix que d'adopter la démocratie comme mode de gouvernance”, écrit Hafnaoui. “Monsieur le président, mon discours à votre intention est celui d'un citoyen remis en liberté avant-hier et qui ne regrette rien de ses opinions sachant que l'Algérie peut contenir l'ensemble de ses enfants quel que soit le degré de divergences de leurs opinions, et cela a été votre objectif maintes fois réitéré en appelant à une réconciliation nationale globale”, ajoute le correspondant de Djelfa. Il a expliqué à propos du projet de réconciliation nationale, que cette initiative “ne peut être complète si vous ne tendez pas la main aux amis de la presse”. Le journaliste Mohamed Benchicou, précise-t-il, “quels que soient les arguments de la justice et la question des bons de caisse, sa place et son combat d'homme intellectuel ne peuvent être ignorés”. Evoquant son expérience carcérale et les conditions de sa détention, Ghoul dira au président que “cela a fait de moi une personne avisée quant aux sentiments que peut éprouver un homme comme Benchicou malgré son affaire et son état de santé”. Aux yeux de Ghoul, “la grâce qui pardonne à ceux qui ont les mains tachées de sang est considéré, insuffisante quand elle n'intéresse pas l'encre noir qui est l'accusation adressée au journaliste Benchicou ainsi qu'à Benaoum et l'instrumentalisation de la justice dans les affaires concernant la presse”. “Monsieur le président, il vous est facile encore de rendre le sourire à la famille Benchicou et à celle de Benaoum, et votre pouvoir à prendre ce genre de décision est sans équivoque”. Pour Ghoul, “la décision qui m'a fait sortir de prison et votre initiative de détruire les mines antipersonnel ne sont pas plus importantes que celle de libérer les journalistes de prison dont le seul tort est d'avoir cru en la libre expression”. Et à Ghoul de conclure : “Le seul tort de Benchicou est clair : il vous a dit ce qu'il pensait à visage découvert contrairement à ceux qui changent de position au gré du vent.” N. M.