L'année 2004 n'a pas été tendre avec la corporation journalistique. La période d'avant-élection présidentielle a été émaillée de nombreuses critiques acerbes et d'attaques répétées à l'encontre de cette « presse jeune ». C'était dans la foulée de la campagne électorale que des politiciens occupant de hauts postes de responsabilité ont tiré à boulets rouges sur les journaux privés, du moins les plus influents. La période postprésidentielle a été entachée par l'emprisonnement de journalistes pour les écrits. Le 24 mai, Hafnaoui Ghoul, correspondant de presse et militant des droits de l'homme, a été écroué à la prison de Djelfa. Il a été jugé et condamné pour diffamation, suite à une plainte du wali, et ce, pour avoir dénoncé la corruption et les abus des autorités locales. S'ensuit une vingtaine de plaintes de toute « la maçonnerie locale ». Hafnaoui Ghoul a retrouvé sa liberté le 24 novembre, après six mois de détention. Il a bénéficié d'une mise en liberté provisoire. Après sa sortie de prison, il obtiendra le prix 2004 de Reporters sans frontières (RSF). Le 14 juin, Mohamed Benchicou, directeur de publication du Matin, titre suspendu depuis le 23 août dernier, a été mis en prison. M. Benchicou en est à son septième mois à la prison d'El Harrach. Auteur du controversé livre Bouteflika, une imposture algérienne, M. Benchicou a été condamné pour ses écrits. Mais la justice ne parlait que d'une « simple affaire de droit commun ». Ahmed Benaoum et Ahmed Oukili, respectivement PDG et directeur de publication d'Erraï, font partie de ce lot de journalistes jetés en prison, en 2004. Ces deux derniers ont été condamnés le 3 juillet dernier par le tribunal d'Es Seddikia (Oran) pour outrage à corps constitué. D'autres journalistes et directeurs de publication ont subi des harcèlements policiers. Plusieurs journalistes et responsables de rédaction ont fait l'objet de poursuites judiciaires. Certains d'entre eux avaient passé des longues journées dans des commissariats de police. Ali Dilem, le talentueux caricaturiste de Liberté, a été interpellé et malmené par les services de sécurité. D'autres ont fini par être traînés devant les tribunaux, pour tel ou tel article. La liberté de la presse a subi durant cette année beaucoup de coups. Une telle situation a fait naître un extraordinaire élan de solidarité avec la corporation tant au niveau national qu'international. Chacun à sa manière, journalistes et journaux ont dénoncé la répression qui s'est abattue sur la presse et la liberté d'expression. 2004 a été également l'année des scandales divulgués par les journaux. La presse privée mis sur la place publique plus d'un. Les plaintes et les procès étaient aussi nombreux que les articles. Même si le corps de certains journalistes est aux fers dans un cachot, leur esprit est en prison dans une idée.