Hafnaoui Ghoul a bénéficié hier d'une mise en liberté provisoire, a-t-on appris de source judiciaire. Il a rejoint sa famille après une détention qui a duré près de six mois. Selon des sources judiciaires, la chambre pénale a examiné la requête de mise en liberté introduite par Hafnaoui Ghoul conformément à l'article 128 du code de procédure pénale et y a répondu favorablement, et ce, a précisé notre source, dans l'attente du pourvoi qu'il a introduit contre les différents arrêts actuellement examinés par la Cour suprême. Hafnaoui avait été condamné à 8 mois de prison ferme pour diffamation, outrage à corps constitué et violation des règles régissant les correspondances de et vers les établissements pénitentiaires. Cette mesure, qui s'apparente beaucoup plus à une décision politique, intervient presque deux mois après la lettre envoyée par la famille Hafnaoui au président de la République le suppliant de mettre en liberté ses deux fils à l'occasion du mois sacré et du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution et d'« en faire de leur libération une journée de cessation de l'emprisonnement des journalistes ». Correspondant du quotidien El Youm et membre du mouvement citoyen du Sud, Hafnaoui a été placé sous mandat de dépôt le 24 mai dernier pour diffamation. Le 8 août 2004, il a été condamné à trois mois de prison ferme pour « outrage à corps constitué et diffamation », alourdissant ainsi le jugement de première instance, le 23 juin 2004, qui a valu à Hafnaoui deux mois de prison ferme. Ce procès a été intenté par le wali et ses proches collaborateurs à la suite de la publication dans le quotidien arabophone El Djazaïr News d'un article qui traitait de « la mauvaise gestion » des autorités locales et jugé par ces dernières « diffamatoire ». Une amende de 50 000 DA et une autre de 1 million de dinars ont été également retenues contre le journaliste pour dommages et intérêts. La cour d'appel de Djelfa a confirmé, pour sa part, le 29 août dernier, sa condamnation à deux mois de prison ferme et 2000 DA d'amende pour avoir fait parvenir une lettre à sa fille en dehors des voies prévues par le règlement de la prison. Ce jugement expéditif s'est déroulé sans la présence de sa défense. En tout, au moins seize procès ont été intentés contre le journaliste à la suite de nombreuses plaintes pour « diffamation », déposées notamment par le directeur de la réglementation et des affaires générales, des agents de sécurité de la wilaya et le président de l'APC de M'liliha, mais aussi par le wali (actuellement wali d'Alger), qui avait déclaré à l'époque que « le communiqué rédigé par Ghoul en pleine période électorale (présidentielle d'avril 2004) était diffamatoire à son encontre ». Le détail de chaque affaire est tellement insignifiant et complexe à la fois que le journaliste sera noyé dans un labyrinthe de procédures judiciaires sans qu'il lui soit possible de trouver à redire. La machine judiciaire avait démarré contre lui et les procès suivis de condamnations se sont tellement succédé au point que les nombreux verdicts, très médiatisés au début, sont devenus à la fin de simples faits divers. Fatiguée et très désespérée, la famille Hafnaoui a décidé de s'en remettre au Président, « l'homme de la concorde civile et de la réconciliation nationale », écrit-elle dans la lettre pour demander la « libération » du journaliste et de son frère, lui aussi placé sous mandat de dépôt le 10 octobre dernier, alors qu'il assistait au procès des membres du mouvement citoyen du Sud au tribunal de Ouargla. Ainsi, Hafnaoui Ghoul retrouve sa liberté, même provisoire, après plus de six mois de détention à la prison de Djelfa.