En annonçant son projet de révision de la constitution pour rempiler à un cinquième mandat, l'ex-chef de l'état burkinabé, Blaise Compaoré, était loin d'imaginer que, ce qui était censé être un jeu d'enfants, allait être fatal pour son règne. Son avidité effrénée pour le pouvoir, où il a passé 27 ans, allait, en effet, provoquer l'ire de la population descendue dans la rue à Ouagadougou par dizaines de milliers, pour exiger le départ du président Blaise Compaoré. Ce dernier a dû se résigner à démissionner, le 31 octobre 2014, avant de prendre le chemin de l'exil. De violentes émeutes contre le régime, qui se sont déroulées dans tout le pays, ont fait plus d'une trentaine de morts et plus de 100 blessés, le siège de l'Assemblée nationale a été incendiée, et la télévision publique prise d'assaut. L'opposition a, dans ce contexte, qualifié de "printemps noir au Burkina Faso, à l'image du printemps arabe", ces manifestations monstres qui avaient vu des centaines de milliers de personnes — un million, selon l'opposition — descendre dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un "coup d'Etat constitutionnel". Mais sa chute qui apparaissait initialement comme une "révolution" populaire, voire la promesse d'un "printemps africain", a pris des allures de coup d'Etat militaire. L'armée avait désigné comme chef d'un régime de transition le lieutenant-colonel Isaac Zida, numéro 2 du régiment de sécurité présidentielle. Lui même ancien putschiste, ayant renversé le capitaine Sankara, et pris part à trois coups d'Etat, Blaise Compaoré se voit à son tour remplacé par un militaire. Sa statue qui trônait avec celle de l'ex-leader libyen Kadhafi, à Bobo-Dioulasso, a été déboulonnée. Pour mettre fin au climat d'incertitude qui régnait au Burkina Faso, au lendemain de la démission précipitée du président Blaise Compaoré, l'armée au pouvoir a procédé à la désignation d'un président civil de transition, en la personne du diplomate Michel Kafando, qui doit gérer le pays pendant une année, jusqu'aux élections en novembre 2015. Figure de la diplomatie burkinabé, M. Kafando est un ancien ambassadeur de la Haute-Volta (l'ancien nom du pays) puis du Burkina Faso auprès des Nations unies, respectivement en 1981-1982 et 1998-2011 et a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs gouvernements, entre 1982 et 1983. Blaise Compaoré, 63 ans, pour sa part, s'est hissé au pouvoir en 1987 et a ensuite effectué deux septennats (1992-1998 et 1998-2005) avant de terminer fin 2015 son deuxième quinquennat (2005-2010, 2010-2015). A. R.