Devenue un véritable danger pour la région, la Libye pourrait faire l'objet d'une nouvelle intervention dans les semaines à venir et c'est la France, dont le dispositif militaire au sud de ce pays est de plus en plus renforcé, qui semble la mieux placée pour mener l'opération. Une intervention militaire internationale en Libye est de plus en plus d'actualité depuis quelques jours avec la multiplication des appels en ce sens. La récente visite du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans le nord du Niger, où sont concentrées les forces militaires françaises dans le cadre de l'opération Barkhane de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, est-elle un signe annonciateur d'une telle opération ? Le fait que le séjour du patron de l'armée française soit suivi par un nouvel appel du président nigérien, Mahamadou Issoufou, à une intervention en Libye, qu'il a jugée "indispensable", conforte un peu plus cette hypothèse. Depuis quelques semaines ce genre d'appels, émanant des chefs d'Etat du Sahel, se multiplient pour donner davantage de crédit à cette solution radicale. En effet, le Sommet sur la sécurité en Afrique de Dakar avait été mis à profit par des présidents de pays du Sahel pour appeler à une intervention militaire en Libye. Ce fut ensuite au tour des cinq chefs d'Etat du Sahel, réunis à Nouakchott deux jours plus tard, de réitérer l'appel. Pendant ce temps, l'Algérie et l'ONU donnent la priorité à la solution politique pour régler la crise libyenne. Il ne fait aucun doute qu'au cas où la prochaine réunion des différentes parties libyennes en conflit, que s'attelle à organiser l'ONU, capote, l'option d'une intervention militaire en Libye sera inéluctable, même si la situation sur le terrain est des plus complexes. En effet, il est difficile de faire un point de situation précis, qui permettrait de fixer avec exactitude les positions à attaquer en Libye. Il n'en demeure pas moins que Paris s'affaire à renforcer son dispositif militaire au sud de ce pays, sous prétexte de recherche de groupes armés terroristes descendant de Libye. Dans ce cadre, la base de Niamey, d'où décollent les drones qui partent survoler le nord du Mali et du Niger, disposera au printemps prochain de trois "oiseaux" Reaper et deux Harfang euro-israéliens, auxquels s'ajoutent plusieurs Reaper de l'armée américaine, qui fournit aussi du renseignement aux Français. Lors de sa visite à la base française de Niamey, où quatre drones sont déployés, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé qu'il allait avancer à 2015 la commande de trois Reaper supplémentaires, prévue initialement pour 2016-17. "Deux Reaper sont ici en fonctionnement. Le troisième sera opérationnel avant la fin du premier trimestre, au mois de mars 2015", a-t-il également précisé devant les militaires français. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que ce dispositif de drones est, ou sera, utilisé pour lancer une intervention militaire en Libye. M. T.