Ils réclament, entre autres revendications, le règlement "immédiat" des arriérés de trois mois de salaires et d'un mois de congé annuel (2013-2014). En attendant la mise en œuvre effective du plan de restructuration de la SGP (Société de gestion des participations de l'Etat) Indjab, annoncé en mai 2014, et qui a vu le regroupement de 56 entités économiques relevant du secteur du bâtiment réparties en quatre grands groupes (OLA construction, Sogcor, Injiaco, Grepco) et 13 bureaux d'études, la majorité des entreprises publiques intervenant dans le BTPH continuent à vivre dans une situation des plus difficiles. C'est le cas justement de la Gecob (Générale entreprise de construction de Béjaïa), ex-EPBTP d'El-Kseur, une filiale du groupe Grepco, qui croule sous les dettes et souffre d'un manque flagrant de plans de charge à même de lui permettre de faire face aux dépenses de fonctionnement. La situation de l'entreprise est tellement inquiétante que ses travailleurs ont été contraints de recourir à un mouvement de grève illimitée afin d'interpeller une fois de plus les autorités concernées sur l'impérieuse nécessité d'intervenir en urgence, en vue d'accélérer le processus d'assainissement engagé par les instances de tutelle. Mais aussi pour prendre en charge définitivement leurs "légitimes" revendications socioprofessionnelles, contenues dans la plate-forme jointe au préavis de grève adressé à la direction de l'entreprise par les membres de la section syndicale. Les travailleurs de Gecob d'El-Kseur, en grève illimitée depuis dimanche 4 janvier, réclament, entre autres revendications, le règlement "immédiat" des arriérés de trois mois de salaires et d'un mois de congé annuel (2013-2014). "Nos travailleurs n'ont même pas de quoi payer les frais de transport pour se rendre sur leur lieu de travail", déplore Boubekeur Djouadi, le chargé de l'organique de la section syndicale (UGTA) de l'entreprise. "Au moment où les travailleurs à travers le monde ont pu célébrer les fêtes de l'Aïd et de fin d'année dans la joie, nous, à Gecob, nous n'avons malheureusement pas eu ce droit d'offrir à nos enfants ces moments de joie", renchérit le secrétaire général de la même organisation syndicale, Fatah Aït Sahel. A noter que lors de notre rencontre avec les travailleurs grévistes, certains d'entre eux ont tenu à soulever le problème de la mauvaise gestion dont ont fait preuve les dirigeants de cette entreprise, qui n'arrive toujours pas à voir le bout du tunnel. Afin d'étayer leurs propos, nos interlocuteurs citent l'exemple du projet des 300 logements sociaux de Tazmalt, dont avait bénéficié leur entreprise en 2012, qui a fini par être résilié par le maître d'ouvrage, à savoir l'OPGI (Office de promotion et de gestion immobilière) de Béjaïa, après l'expiration des délais de réalisation, fixés à 26 mois. Au-delà de la lenteur des travaux, dont le taux d'avancement est estimé à 8% seulement, la qualité de réalisation du projet laisse à désirer. Le montant global de ce projet qui s'élève à 88 milliards de centimes aurait pu servir de bouffée d'oxygène pour la trésorerie de l'entreprise, déplore-t-on. En effet, la société Gecob d'El-Kseur n'a finalement pas su profiter de cette aubaine pour renflouer ses caisses, puisque le directeur général lui-même, Benakcha Abdelkrim, que nous avons joint au téléphone, nous a confié : "Nous n'avons pu encaisser que 50% de la situation de travaux de 8 millions de dinars que nous avons présentée à l'OPGI de Béjaïa." Pour notre interlocuteur, son entreprise qui compte 240 employés, dont 150 permanents, ne souffre guère de problèmes logistiques, mais d'un plan de charge conséquent. D'autres travailleurs protestataires ont également fait état du sort réservé à la centrale à béton neuve acquise au temps de Getic Sétif, qui se trouve aujourd'hui abandonnée et jamais exploitée par l'entreprise. Un investissement de 25 millions de dinars qui tombe en désuétude avant même qu'il ne soit rentabilisé, dès lors que cet équipement installé au site de Tazmalt n'a jamais été mis en service. Selon M. Benakcha, les services techniques de son entreprise n'ont pas jugé utile d'exploiter cette centrale à béton ayant une capacité de production de 30 m3/h, alors que leurs besoins journaliers en matière de béton n'ont jamais dépassé 10 m3. Par ailleurs, les membres du comité de participation de Gecob d'El-Kseur ont évoqué, dans leur procès-verbal du 16 décembre 2014, le dossier des 20 logements d'accompagnement sis au quartier Seghir, en plein centre-ville de Béjaïa, occupés par d'anciens travailleurs de l'ex-EPBTP, partis en retraite, que la direction de l'entreprise n'arrive toujours pas à récupérer. Dénonçant "le laxisme de certains dirigeants de l'entreprise et la lenteur constatée dans la procédure judiciaire", le comité de participation lance un appel à la direction générale et aux instances de tutelle pour intervenir afin d'accélérer les procédures devant permettre la récupération de ces biens immobiliers en vue de leur mise en vente. A ce titre, le DG de Gecob nous fait savoir que les occupants de ces logements souhaitent la régularisation de leur situation par l'acquisition de ces appartements. Néanmoins, a-t-il précisé, son entreprise a déjà récupéré deux logements, alors qu'une procédure judiciaire est toujours en cours à la Cour suprême. KAMAL OUHNIA