L'hebdomadaire Charlie Hebdo, qui a fait l'objet de l'attaque sanglante hier, n'en est pas à sa première attaque, après des menaces qui se sont traduites par la destruction par un incendie criminel, début novembre 2011, de ses anciens locaux, l'obligeant à changer d'adresse. Tout est parti depuis la publication, par ce journal satirique, de caricatures blasphématoires du Prophète Mohamed (QSSSL), reproduites d'un journal danois. Or, cette ligne de conduite adoptée comme gage de liberté d'expression par Charlie Hebdo lui a valu bien des inimitiés, notamment de la part de la communauté musulmane de France et du monde entier, qui l'assimila à de la provocation. La publication en question, qui compte dans le domaine du dessin satirique, a, eu égard à son audience, fini par soulever un tollé politico-médiatique, en France même, où le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait exprimé sa "désapprobation face à tout excès". Laurent Fabius s'était dit aussi "contre toute provocation". Le directeur de Charlie Hebdo s'est défendu de toute volonté de provocation. Ces dessins "choqueraient ceux qui vont vouloir être choqués en lisant un journal qu'ils ne lisent jamais", a estimé Charb, interrogé par iTélé. Mais, leur publication dans un numéro spécial rebaptisé Charia hebdo, avec à la une la caricature d'un Prophète Mahomet hilare, a fait l'effet d'une bombe. La raison à cela est leur coïncidence avec la diffusion du film islamophobe Innocence of Muslims (L'Innocence des musulmans), produit aux Etats-Unis, qui avait déclenché des manifestations anti-américaines dans le monde musulman, causant la mort de plus de 30 personnes. S'ensuivront alors des appels sur les réseaux sociaux pour manifester à Paris et dans plusieurs grandes villes contre le film. Charlie Hebdo a même été assigné pour provocation, incitation à la haine raciale et diffamation. Le journal et son directeur ont été relaxés. Depuis, un fourgon de CRS a pris position près du bâtiment où s'est installé Charlie Hebdo, dans l'est de Paris, non loin des anciens locaux de l'hebdomadaire consumés par un incendie criminel. A. R.