Plus d'une demi-douzaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains étaient au rendez vous, hier à Paris, pour la grande marche républicaine, afin d'exprimer la solidarité du continent noir, avec la France meurtrie par les attaques de Charlie Hebdo. Il s'agit notamment, des présidents gabonais Ali Bongo Ondimba, béninois Boni Yayi, togolais Faure Gnassingbé et sénégalais Macky Sall, dont les pays comptent parmi les traditionnels amis et alliés de la France en Afrique. Y ont pris part également, les chefs d'Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta, deux ans, jour pour jour, après le lancement de l'opération Serval, le Nigérien Mahamadou Issoufou, allié majeur de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans la libération d'otages français ces derniers mois. Le Tchad et l'Algérie, autres partenaires de Paris dans cette guerre contre le terrorisme au Sahel, ont été, pour leur part, représentés l'un par son Premier ministre, et l'autre par son chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra. Ces leaders africains, qui ont battu le pavé aux côtés de leurs homologues européens, ont, en effet, voulu apporter leur pleine solidarité avec la France. "Je suis venu à Paris pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo et aux autres victimes du terrorisme", a indiqué, dans ce sens, le président nigérien Mahamadou Issoufou, dans sa déclaration rapportée par i-Télé. Conscient aussi des conséquences d'un tel acte, le président du Niger, ajoutera : "Je suis venu témoigner qu'au Niger, il y a une coexistence pacifique entre les religions". IBK a déclaré à RFI que sa venue était "un devoir élémentaire de solidarité". Il était question de solidarité, oui, mais pas seulement. La présence des représentants du continent africain symbolise, aussi, la poursuite du combat dans le Sahel, où se déroule une opération de lutte antiterroriste, engageant des militaires français, au Mali depuis exactement deux ans, et en République centrafricaine. Mais ces déplacements de chefs d'Etat, qui le moins que l'on puisse dire, sont irrespectueux des libertés fondamentales, voire des fossoyeurs de la liberté de la presse dans leurs pays respectifs, soulèvent des critiques de la part de leur propre opinion publique. À titre d'illustration la visite de M. Keïta, qui a coïncidé avec la mort d'une dizaine de militaires maliens, est très mal perçue par l'opposition. Cette dernière estime, qu'au lieu de Paris, le chef de l'Etat aurait mieux fait d'être au chevet des victimes de l'attaque de Nampala (centre du Mali). La présence de responsables israéliens, à cette manifestation, est l'autre argument dont on a usé dans d'autres pays, pour afficher clairement leur opposition à la participation de leur chef d'Etat. A. R.