Les habitants d'In Kouf, d'El-Djazira et de la cité du 5-Juillet ont fermé la route menant au centre-ville, provoquant, du coup, un embouteillage qui a obligé les automobilistes à chercher des détours. La fermeture des commerces, décrétée par les opposants au gaz de schiste, se poursuit pour la deuxième journée consécutive dans la commune de Tamanrasset. L'activité commerciale était encore paralysée durant toute la journée d'hier. Les quelques commerçants qui ont ouvert leurs locaux le matin ont fini par baisser rideau sous la menace du comité d'organisation de la protestation contre l'exploitation des gaz non conventionnels dans le Sud. Les membres dudit comité ont, avant d'entamer leur marche, sillonné toute la ville pour avertir les commerçants "dissidents" qui manifestent une opposition à cette décision pénalisante. "Nous avons ouvert nos commerces pour permettre aux gens de faire leurs emplettes. Peu après 10h, nous étions saisis par un groupe de jeunes qui nous a demandé de baisser rideau, non sans menaces", nous dit un vendeur à Sersouf, quartier huppé de la capitale de l'Ahaggar. Bon nombre d'entreprises et d'établissements publics à caractère administratif ont été verrouillés par les manifestants. Si certains employés ont rejoint le mouvement de leur propre chef, d'autres, en revanche, ont cédé à la peur. C'est dire que l'heure de la désobéissance civile a sérieusement sonné à Tamanrasset et la protestation s'étend à plusieurs quartiers de la ville. Après Sersouf, Tahaggart et Guetaa El-Oued, c'était hier au tour des habitants d'In Kouf, d'El-Djazira et de la cité du 5-Juillet de battre le pavé pour crier haut et fort leur mécontentement contre l'exploitation des ressources schisteuses en Algérie. Lâchant la bride à leur colère, les manifestants ont procédé à la fermeture de la route menant au centre-ville, provoquant un embouteillage monstre. Les automobilistes ont été contraints de faire un long détour pour rejoindre les leurs et rallier leur domicile. Parallèlement à cette action, une imposante marche, qui s'est ébranlée de la place publique Ilamen, a également été organisée. Les marcheurs ont sillonné le centre-ville, en scandant des slogans hostiles au pouvoir et à son programme d'exploitation de gaz de schiste dans le Sud. Il est utile de signaler qu'après une autre journée de manif, initiée par les opposants à cette énergie de la discorde, les protestataires infatigables se sont dispersés dans le calme, laissant derrière eux une ville complètement inanimée. Le scénario est tellement courant que l'on a fini par s'en accommoder. Du matin jusqu'à 18h, la capitale du tourisme saharien, secouée par les spasmes de contestations depuis près de deux semaines, semble devenir une ville morte et sinistrée. Cependant, les habitants ne comptent pas lâcher prise et encore moins renoncer à "ce combat". Ils espèrent, toutefois, une décision sage de la part d'un président de la République qu'ils ont soutenu, corps et âme, depuis sa première investiture au pouvoir, en1999. "Abdelaziz Bouteflika, on a toujours cru en vous et en vos compétences. Les électeurs de l'Ahaggar et du Tidikelt se sont mobilisés, en 2014, pour vous accorder leur voix, vous permettant de briguer un 4e mandat, nationalement controversé. Pour nous récompenser aujourd'hui, vous n'avez rien d'autre que ce projet de la mort !" Tel est le message lancé, non sans dépit, par un manifestant quadragénaire à l'adresse du premier magistrat du pays. R. K.