Visiblement inquiet par la décision de la Cour pénale internationale d'ouvrir un examen préliminaire de la situation en Palestine à la demande de cette dernière, Israël ne se contente de la condamner, mais semble résolu à empêcher, coûte que coûte, que ses soldats soient traduits devant cette juridiction pour crimes de guerre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a prévenu il n'y a pas longtemps qu'Israël s'opposerait à toute poursuite de ses soldats par la Cour pénale internationale (CPI), à laquelle les Palestiniens viennent de demander d'adhérer. L'un des moyens imaginés pour entraver la mission de la CPI est de tarir ses sources de financement. Israël, qui ne voit pas d'un bon œil la procédure qui prend forme à La Haye, envisage d'appeler les Etats bailleurs de fonds de la CPI à suspendre ou à réduire leur apport en la matière. La déclaration a été faite par Netanyahu à l'occasion de la réunion hebdomadaire de son gouvernement, dimanche. Tel que rapporté par la radio publique israélienne, Netanyahu a affirmé qu'"Israël demandera aux pays finançant la CPI de réduire ou de suspendre leur apport financier en réaction à la décision de la procureure générale de la Cour d'entamer une enquête préliminaire sur des crimes de guerre éventuellement commis sur les terres palestiniennes". Si Netanyahu n'a pas précisé les pays qui seront sollicités à ce propos, la même source ajoute qu'Avigdor Lieberman, ministre israélien des Affaires étrangères, adressera une requête de ce genre à son homologue canadien, à l'occasion de sa visite en Israël. Mais l'Etat hébreu, qui avait décidé de frapper les Palestiniens au portefeuille après leur offensive diplomatique, ne compte pas s'arrêter à cette seule mesure de rétorsion. Le ministre susmentionné, qui a dénoncé une "décision scandaleuse", a préconisé que l'Etat hébreu, qui n'est pas membre de la CPI, ne coopère pas à ces investigations. Il fait état même de démanteler l'autorité palestinienne et de démettre son président Mahmoud Abbas. Un autre membre du gouvernement et président d'un parti d'extrême droite a, de son côté, appelé à démarrer des projets pour l'édification de nouvelles colonies à Jérusalem et en Cisjordanie en réponse aux démarches de la CPI. La levée de boucliers d'Israël intervient après l'annonce de Fatou Bensouda, procureure générale de la CPI vendredi dernier, d'avoir lancé un examen préliminaire de la déclaration déposée par l'Autorité palestinienne concernant les crimes de guerre perpétrés sur son territoire par Israël. Lequel examen portera, selon un communiqué de la CPI, sur les "crimes présumés commis dans les territoires palestiniens occupés, notamment à Jérusalem-Est, depuis le 13 juin 2014". Mais cela n'est pas forcément synonyme de l'ouverture d'une enquête, mais une procédure qui vise à étudier les informations et les données disponibles pour décider, ensuite, de la suite à donner à cette requête palestinienne. En tout état de cause, trois scénarios sont possibles : l'ouverture d'une enquête sur la situation en Palestine, la poursuite de la collecte des informations ou le rejet de toute demande aux fins d'ouvrir une instruction. A. R.