Plusieurs milliards de m3 d'eau stockés dans les barrages sont déversés chaque année en mer. Cette indubitable perte hydrique a pour but de protéger ces infrastructures contre un périlleux débordement synonyme d'effondrement. Les gestionnaires de l'Agence nationale des barrages et transferts (Anbt) recourent à ce procédé afin d'éviter toute destruction de ces ouvrages dont les eaux emmagasinées débordent à cause d'une forte pluviométrie. Ce flux abandonné diffère d'année en année suivant l'intensité des pluies sur les diverses régions du pays. Rien que pour l'année 2014, les agents de l'Anbt pourraient enregistrer une déperdition "forcée" de 5 milliards de m3. Au lieu de perdre de telles quantités, ô combien vitales pour le citoyen et l'agriculture, les responsables du ministère de tutelle auraient pu édifier des barrages avec des dimensions élargies et plus hautes. Du point de vue technique et surtout topographique, cela est difficilement réalisable. Dans la construction de ces infrastructures de stockage des eaux pluviales, les initiateurs prennent en compte, selon Mohamed Bakhta, un cadre de l'Anbt, invité hier de la radio Chaîne I, les paramètres topographiques qui limitent immanquablement leur hauteur. Tous ces projets sont, de ce fait, dotés de structures assurant le déversement des eaux surabondantes qui risquent de provoquer l'écroulement des ouvrages. Par ailleurs, le taux de remplissage de l'ensemble des 72 complexes hydrauliques répartis à travers le territoire national est évalué ces derniers jours pluvieux à 75%, soit un volume de plus de 5 milliards de m3 d'eaux emmagasinées. Celui de Béni Haroun à Mila qui alimente 6 wilayas est rempli à 100% avec un volume de 1 milliard de m3. M. Bakhta indique que les taux les plus importants sont enregistrés à l'ouest du pays. Sur les 12 projets de barrages lancés dans le cadre du quinquennat 2010-2014, 8 seront réceptionnés au cours de l'année 2015, sans compter les transferts inscrits également au programme.
Un taux de remplissage de 75%, soit 5 milliards de m3 stockés Pour le moment, l'Algérie dispose de 72 barrages en exploitation d'une capacité de 7 milliards de m3. Avec la réception des autres ouvrages, le nombre sera porté à 84 unités d'une capacité globale de plus de 8 milliards de m3. Ces nouvelles structures viendront en appoint des 14 barrages hérités de l'époque coloniale. Ce sont des unités qui dépassent les 100 ans et dont les conditions d'hygiène laissent à désirer. Quant aux vastes projets de transfert d'un volume total de 600 millions de m3 d'eau qui toucheront 19 wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, ils seront réalisés par étape. Ils couvrent toute la rocade des Hauts-Plateaux qui va de Tiaret jusqu'au sud de Biskra sur plusieurs centaines de kilomètres. Pour la première phase, affirme Messaoud Terra, directeur de l'eau potable au ministère des Ressources en eau, les études ont été achevées et prévoient le transfert de 100 millions de m3. L'enveloppe, dégagée pour cette première étape avoisinera les 70 milliards de dinars. Le délai de réalisation du projet dans sa globalité est fixé à 36 mois. "La ressource est suffisante pour le long terme. Et la wilaya de Djelfa, pour ne citer que cet exemple, sera bien alimentée", rassure M. Terra lors de son intervention à la Chaîne III. Pour ce responsable, le chiffre d'affaires de l'Algérienne des eaux (Ade) est de 15 milliards de dinars. Les créances de cette société qui gère environ 700 communes pour une population de 23 millions d'habitants, soit 5 millions d'abonnés, sont estimées à 45 milliards de dinars. "Le net des créances de l'Ade est de 30 milliards de dinars, soit l'équivalent de plus de 19 mois de salaires de ses 25 000 employés", relèvera, avec plus de précision, M. Terra.