L'organisation extrémiste, dirigée par le terroriste de sinistre nom Aboubakr al-Baghdadi, a franchi un nouveau palier dans l'horreur en diffusant une vidéo dans laquelle le pilote jordanien de 26 ans est brûlé vif dans une cage. Dans l'enregistrement insoutenable, un homme présenté comme Kassasbeh, capturé suite au crash de son avion en Syrie le 24 décembre 2014, en tenue orange, est enfermé dans une grande cage en métal. Un homme masqué et armé prend une torche et met le feu à de l'essence. Les flammes se propagent jusqu'à la cage et le supplicié se transforme vite en une boule de feu. Un acte de barbarie qui sert les desseins machiavéliques de l'innommable groupe qui, sous le fallacieux prétexte de répandre l'islam, entraîne destruction et chaos sur son passage. Cet acte a eu pour effet de mettre en émoi le monde entier. Plus particulièrement la Jordanie d'où est issu le pilote du F16, qui, fulmine de rage et a promis une "réponse terrible" à ses auteurs. Aussitôt dit, aussitôt fait, Amman a pendu Sajida al-Rishawi, une kamikaze irakienne de 44 ans, condamnée à mort pour sa participation à des attentats meurtriers en 2005 à Amman, et était détenue dans une prison jordanienne, ainsi qu'un autre Irakien, Ziad Karbouli, un responsable d'Al-Qaïda, mardi, à 04h00 locales. Après le terrible sort réservé à son soldat Maaz al-Kassasbeh, et suite à l'échec de la tentative de l'échanger contre l'Irakienne, un responsable la sécurité jordanienne avait indiqué la veille que des prisonniers terroristes seraient pendus à l'aube. Quoique la Jordanie ait recommencé, en fait, en décembre 2014 à exécuter des condamnés à mort, après un moratoire de plus de huit ans, en pendant onze criminels sans lien avec la politique ni le "terrorisme". Le roi Abdallah II de Jordanie a écourté sa visite aux Etats-Unis pour rentrer au pays, et le ministère des Affaires religieuses a demandé aux Jordaniens de prier hier pour le pilote dans toutes les mosquées du royaume. Le souverain hachémite, avant de quitter Washington, a rencontré Barack Obama. Les deux chefs d'Etat ont réaffirmé que "l'abominable meurtre de ce courageux Jordanien ne servira qu'à renforcer la détermination de la communauté internationale à détruire l'EI", selon un porte-parole américain. Laquelle détermination n'a d'égale que le jusqu'au-boutisme du groupe extrémiste, auteur de nombreuses exactions et de crimes contre l'humanité, qui a donné dans la vidéo les photos et les adresses de pilotes jordaniens de la coalition et promet une récompense de "100 pièces en or" à ceux qui tueraient ces "pilotes croisés". Qu'à cela ne tienne, cette nouvelle exécution a été condamnée à travers le monde, notamment à Paris et à Londres, qui ont exprimé leur révulsion, alors que les monarchies arabes du Golfe ont condamné un crime trahissant l'islam. Enfin, le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a dénoncé un "acte effroyable" tandis que le Conseil de sécurité a condamné "la brutalité" de l'EI. Pour Shiraz Maher, chercheur à l'International Centre for Study of Radicalisation à Londres, la mise en scène de la mort du Jordanien est la chose "la plus horrible, dégoûtante" diffusée par l'EI ces deux dernières années. A.R.