Au moment où les discussions interlibyennes semblent aller dans le bon sens, voilà que l'éventualité d'une intervention militaire en Libye occupe le devant de la scène avec l'annonce par l'Italie de son empressement à prendre la tête rapidement d'une coalition de pays européens et de la région pour lutter contre la progression des jihadistes dans ce pays. Faut-il s'attendre à une intervention militaire internationale en Libye dans les prochains jours ? C'est désormais une éventualité probable qui risque de réduire à néant les efforts pour le règlement diplomatique de la crise libyenne, comme le préconise l'Algérie notamment. En effet, dans une interview parue hier dans le quotidien Il Messaggero, le ministre de la Défense, Roberta Pinotti, a annoncé que Rome est prête à envoyer plusieurs milliers d'hommes et à prendre rapidement la tête d'une coalition de pays européens et de la région pour lutter contre la progression des jihadistes en Libye. Mme Pinotti a affirmé que "l'Italie est prête à guider en Libye une coalition de pays de la région, européens et d'Afrique du Nord, pour arrêter la progression du califat qui est parvenu à 350 km de nos côtes". Expliquant la démarche italienne, elle a souligné : "Si en Afghanistan nous avons envoyé jusqu'à 5 000 hommes, dans un pays comme la Libye qui nous concerne de bien plus près et où le risque de dégradation est bien plus préoccupant pour l'Italie, notre mission peut être significative et consistante aussi en ce qui concerne les effectifs." Indiquant que son collègue des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, "fournira jeudi des informations et des évaluations", Roberta Pinotti a précisé : "Nous en discutons depuis des mois, mais c'est devenu urgent", en affirmant que "toute décision sera prise au Parlement." Selon elle, "le risque est imminent, on ne peut attendre au-delà. L'Italie a des exigences de défense nationale, ne pas voir un califat qui gouverne sur la côte d'en face. Mais nous voulons nous coordonner avec d'autres dans un système de légalité internationale". Sans préciser quel type d'intervention serait décidé, le ministre italien de la défense a dit : "Nous devons être présents en Libye comme nous sommes intervenus en Irak aux côtés des très valeureux combattants kurdes." Plus alarmiste, elle est allée jusqu'à indiquer aussi que la venue de terroristes jihadistes en Italie à bord des canots transportant des clandestins "n'était pas à exclure". Cette sortie médiatique de Roberta Pinotti intervient dans le sillage de celle du président du Conseil, Matteo Renzi, qui avait déclaré, samedi soir, à la chaîne publique TG1 : "Nous avons dit à l'Europe et à la communauté internationale que nous devons cesser de dormir (...) Il faut une mission plus forte de l'ONU. L'Italie est prête, dans le cadre d'une mission ONU, à remplir son rôle pour défendre une idée de la liberté dans la région méditerranéenne." De son côté, le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni avait jugé vendredi, dans une interview à la chaîne SkyTg24, qu'il fallait "se poser, avec les Nations unies, la question d'entreprendre quelque chose de plus". "L'Italie est prête à combattre dans le cadre de la légalité internationale", avait-il insisté. À signaler que le gouvernement italien a commencé à rapatrier hier une centaine d'Italiens de Libye à bord d'un bateau, ont indiqué des sources proches du ministère des Affaires étrangères. La Marine militaire escorte un bateau où a pris place une partie de ces Italiens, a-t-on indiqué de mêmes sources. Les troubles ont créé une situation d'insécurité croissante pour les ressortissants italiens, et depuis le 1er février, le ministère les invitait à quitter le pays. M. T.